Les citoyens de basse Kabylie sont perplexes devant la flambée des prix du mouton de l'Aïd constatée ces derniers jours. Alors que la situation se présentait bien il y a quelques jours, le prix du mouton a connu une envolée inexplicable. Il est vrai que l'Etat n'a pas importé cette année de moutons, cela n'explique pas pour autant la situation qui dissuade désormais plus d'un à vouloir acheter le mouton. Il va de soi que des maquignons, dont certains sont de circonstance, profitent de cet état de fait. Une virée dans les marchés des villes et campagnes nous éclaire allègrement sur l'ampleur de la saignée qui attend une certaine catégorie de citoyens à la veille de l'Aïd El Adha, même si celle-ci, est de l'avis même des citoyens, loin d'égaler celle de l'an passé. Mais il est clair que beaucoup de pères de famille vont faire, à leur corps défendant, les voltiges les plus spectaculaires pour pouvoir s'offrir le fameux mouton de l'Aïd, car, en basse Kabylie, le sacrifice rituel n'est pas facultatif. C'est pourquoi d'ailleurs, beaucoup auront recours, si ce n'est déjà fait, à l'hypothèque. C'est le cas de Hamid, fonctionnaire de son état, il va devoir emprunter pour acheter un mouton. Il dit avoir réussi à avoir la somme de 20.000 DA en hypothéquant un bijou de sa femme. Comme lui, il devrait y en avoir beaucoup, tant le pouvoir d'achat des Algériens est réduit. Mais il n'est nullement question d'ignorer l'Aïd et tout ce qu'il faut pour en faire une fête grandiose conformément à la tradition séculaire. De l'avis général, l'absence de l'apport étatique en la matière rend les choses aussi dures. Les maquignons le disent clairement, la stabilité du marché ne peut avoir lieu tant la demande dépasse de loin l'offre. C'est donc l'Aïd à l'algérienne, c'est-à-dire pas de fête sans les tourments financiers. Les maquignons sont nombreux en ce moment. Ils sont visibles partout dans la ville de Béjaïa en ne se gênant pas en effet, de faire trôner «leur marchandise» dans les endroits auxquels on n'y pense pas. Ils sont là avec leur art de laminer les dernières hésitations des éventuels acquéreurs, en fixant les prix à des seuils inabordables. Le prix de départ dépassera toujours les 15.000 DA pour le plus petit des moutons, il faut alors ajouter jusqu'à ce que le vendeur soit satisfait du prix proposé. C'est comme ça que ça marche partout.