Pour ce qu'ils montrent sur un terrain, nos joueurs sont, peut-être, les mieux payés de la planète. Le championnat d'Angleterre de football observe depuis hier soir, avec le déroulement du dernier match de la 21e journée entre Manchester City et Tottenham, une trêve jusqu'au 14 janvier courant, autrement dit une période de moins de quinze jours sans compétition. C'est une sacrée prouesse de la part de la ligue anglaise de football d'avoir pu trouver un créneau pour faire «reposer» ses footballeurs de la Premier League. Il y a bien longtemps que les Anglais ne font plus les choses comme les autres. Au moment où les grands championnats européens sont en vacances de mi-saison, eux continuent à jouer en matches officiels. Et ils le font d'une manière déraisonnée puisqu'ils se permettent d'organiser quatre journées de championnat en 9 jours, c'est-à-dire au rythme d'une journée tous les deux jours. Ce déluge de matches de compétition officielle ne déteint jamais sur l'affluence. On aurait pu croire qu'un surplus de compétition finirait par dégoûter le public. Il n'en est rien puisque les stades sont constamment copieusement garnis. Le problème en fait réside dans la capacité des joueurs à supporter ou non une telle cadence dans une période très réduite. Sur ce que l'on voit à la télévision, même si la fatigue est là, elle ne se fait pas ressentir sur les terrains. Les joueurs se donnent à fond en n'importe quelle circonstance, lors de n'importe quelle journée. Mardi soir, nous avons pu assister à un Arsenal-Manchester United qui s'est, peut-être, soldé par un match-nul blanc (0-0) mais qui a été très plaisant à suivre. Le plus intéressant a été que durant les 90 minutes le jeu n'a jamais baissé d'intensité. Du début à la fin, le ballon n'en a pas fini de remonter le terrain dans les deux sens par des joueurs qui n'ont jamais cherché à tricher. Ils en étaient, pourtant, à leur 4e match officiel en 9 jours. Cette boulimie de rencontres en si peu de temps ne manque pas de nous faire penser au triste championnat d'Algérie qui est en trêve depuis le 19 décembre dernier et qui ne reprendra ses activités que le 19 janvier. Un mois de repos pour une compétition qui, lorsqu'on voit les matches qui s'y déroulent, semble être le rendez-vous de gars portés sur la somnolence tellement elle est soporifique. Bien sûr, on dira que le joueur algérien ne dispose pas des mêmes moyens que son collègue du championnat anglais, notamment sur le plan de la récupération, mais user de tels arguments ne fait que tromper l'opinion. Aujourd'hui le joueur de la division 1 algérienne gagne bien sa vie mais il est certainement l'un de ceux qui sont les plus chouchoutés de la planète pour ce qu'il montre sur un terrain. La Ligue nationale de football devait faire reprendre la compétition le 12 janvier. Elle ne l'a pas fait parce que le mardi 10 janvier, l'Algérie célèbre la fête de l'Aïd El Adha et qu'il faut permettre à ces messieurs de rendre visite à leurs familles. Il s'agit de joueurs qui, pour la plupart, émargent pour des centaines millions (soit pour un salaire mensuel dépassant les 10 millions de centimes) dans leurs clubs respectifs mais qui, lorsqu'il faut faire preuve de professionnalisme, jouent au «petit qui doit rendre visite à la famille». Les agents de l'Etat comme les policiers et les gendarmes, qui gagnent cent fois moins que ces privilégiés, n'ont aucune autre alternative que celle de passer l'Aid en service commandé à leurs postes de travail. Nous avons le souvenir dans les années 70 d'avoir assisté à un match au sommet de la division 2 au stade de Bologhine entre l'USM Alger et l'USM El Harrach le jour même de l'Aïd El Adha. Cela n'avait pas empêché le public d'affluer et de remplir à ras bord les gradins. Pour ce qui est de la fatigue, on rappellera qu'en 1969, le CRB et l'USMA avaient fait match nul, un dimanche, en finale de coupe d'Algérie (1-1) et avaient rejoué trois jours plus tard, le mercredi pour offrir au public et aux téléspectateurs ce qui reste, à ce jour, la plus belle finale de coupe d'Algérie de l'histoire (victoire 5-3 du CRB). Et ces joueurs-là étaient amateurs puisqu'ils travaillaient dans des entreprises et ne s'entraînaient que deux ou trois fois par semaine entre midi et 14h00. Que nos présidents actuels de club et leurs entraîneurs cessent, donc, de se plaindre dès que l'on hausse le rythme de compétition. La tricherie est devenue monnaie courante dans notre football pour le résultat que l'on connaît puisque notre équipe nationale n'arrive plus à décoller. Et avec cela on «ose» parler de stars pour des joueurs qui n'en valent pas la peine. Assurément, il ne s'est pas trompé celui qui a affirmé que le football algérien avance la tête en bas.