La libération des manifestants et des manifestantes détenus depuis plusieurs jours à Alger pour avoir exhibé le drapeau amazigh a constitué, hier, le mot d'ordre le plus récurrent des deux marches qui ont été enregistrées dans la ville de Tizi Ouzou. La première manifestation n'est autre que celle des élus aux Assemblées populaires communales et à l'Assemblée populaire de wilaya. La marche des élus a commencé par un rassemblement au niveau du siège de la wilaya de Tizi Ouzou avant de s'ébranler vers le tribunal du centre-ville. Les manifestants auxquels se sont joints des citoyens, notamment des militants de partis politiques et des membres du mouvement associatif local ont scandé principalement des mots d'ordre inhérents à l'exigence de la libération des manifestants incarcérés à Alger pour avoir brandi le drapeau berbère lors des deux dernières manifestations du vendredi qui ont eu lieu à Alger. «Libérez les détenus», «libérez Samira», «système dégage», «nous avons dit : vous allez partir !», etc., ont été les slogans qui revenaient le plus lors de cette marche qui a également vu la participation massive de la gent féminine en guise de soutien particulier à l'élue à l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi Ouzou, Samira Messouci. Un élan de solidarité exceptionnel a d'ailleurs été exprimé par les manifestants de Tizi Ouzou à l'égard de cette élue dont le seul «tort» a été d'avoir exprimé publiquement son attachement à son identité amazighe, à sa culture et langue berbères aussi. Hier donc, les « Libérez Samira » est un slogan qui a retenti maintes et maintes fois dans les rues de la ville des Genêts que Samira Messouci n'a pas revue depuis plus de 15 jours, c'est-à-dire depuis son arrestation. En présence de députés à l'Assemblée populaire nationale issus des différents partis ainsi que de dizaines d'avocats, les manifestants ont parcouru les rues qui séparent le siège de la wilaya du tribunal de Tizi Ouzou où un rassemblement de plus d'une heure a été observé sous un soleil de plomb. Plusieurs personnalités et des élus à l'APW et aux APC ont pris alors la parole pour exiger encore une fois que soient libérées toutes les personnes arrêtées pour la simple raison d'avoir mis en avant le drapeau amazigh durant les marches du vendredi à Alger. Les intervenants ont aussi profité de cette occasion pour exprimer leur soutien au moudjahid Lakhdar Bouregaâ incarcéré également à la prison d'El Harrach à Alger « pour atteinte au moral des troupes de l'ANP » suite à des déclarations publiques qu'il avait faites à ce sujet la veille de son interpellation par les services de sécurité. Les intervenants parmi les élus ont aussi revendiqué que soient libérés tous les détenus d'opinion, qui croupissent actuellement en prison. Par ailleurs, et toujours dans une ambiance empreinte d'allégresse, des milliers d'étudiants ont encore marché, hier, dans la même ville, en cet autre mardi de la Révolution pacifique des Algériens, afin de réitérer les revendications de changement radical du système et le départ de toutes les figures qui symbolisent l'ancien système déchu après la révolte populaire pacifique du 22 février dernier. Les étudiants ont commencé leur marche à partir du campus universitaire de Hasnaoua. Ils ont parcouru les boulevards Lamali, Abane et Ben M'hidi avant de se disperser dans le calme à hauteur du carrefour Matoub-Lounès à la sortie ouest de la ville.