Le juge du tribunal criminel était bien embarrassé, lorsqu'il appela un accusé d'exercice de prostitution, doublé d'une accusation plus musclée : trafic de devises et trafic d'armes à feu. C'était la troisième audience à laquelle le président appelle l'accusé qui semble s'être évaporé, ou fait des ailes et que probablement, quitté le pays, d'autant plus qu'il réside dans la bande frontalière-Est du pays. Le tribunal criminel se retire pour délibérer sur ce cas d'espèce. En effet, quarante minutes plus tard, les membres de la composition criminelle reviennent avec le verdict suivant : F. L.écope d'une peine de réclusion criminelle à perpétuité pour les faits qui lui sont reprochés. Il aurait pu venir rendre compte à la justice et il aurait peut-être pu avoir des arguments à faire valoir et le verdict serait tout autre. Or, avec les lourdes accusations qu'il traînait et les charges qui s'ensuivent, il semble bien que les carottes sont cuites, comme dirait un entraîneur dont l'équipe est démembrée et faisant eau de toutes parts. Le seul malheureux dans toute cette histoire, est le vaillant défenseur de Blida, Maître Mohammed Aichouche, qui a eu ces petits mots gentils à l'intention du procureur général. : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ; en ce qui me concerne, je n'aime jamais gagner les matchs par forfait, comme ce fut le cas tout à l'heure avec le représentant du parquet ! J'aime bien que la justice ait le dernier mot et c'est tout à fait normal, mais j'aime surtout le débat contradictoire. Oui, lorsque qu'on vient me parler de preuves, j'aime bien qu'on les étale devant le président et qu'on débatte contradictoirement devant lui, celui qui détient la police de l'audience. De plus, les témoins que je ramène doivent témoigner librement et répondre à toutes les questions sereinement, loin de toutes menaces d'où quelles émanent ! C'est ce que j'appelle humblement un procès équitable, mieux, je dirais à la limite, un vrai procès régulier ! » Quelle leçon d'humilité, Maître !