L'agenda du président, perturbé par sa maladie, sera relancé avec plus de célérité. L'agenda politique national sera vraisemblablement chargé après la fête de l'Aïd El Adha. Plusieurs dossiers actuellement en instance, pour cause de maladie du chef de l'Etat, mais également par la coïncidence du calendrier, vont rebondir dès la semaine prochaine. Le long week-end de fête constituera une période charnière, qui marque une petite halte, avant une reprise, dit-on, tous azimuts, de l'activité politique. Et pour cause, on annonce de source gouvernementale un redéploiement des ministres de la République sur le terrain, à travers tout le pays. Les mêmes sources précisent que cette dynamique, que l'on souhaite assez forte, est destinée, à préparer une tournée présidentielle à l'intérieur du pays. Bien que cette information n'ait pas été confirmée, le bruit court néanmoins, au sujet de l'intention du président de la République de se rendre dans le pays profond aux fins d'inspecter personnellement l'état d'avancement des projets initiés par l'Etat, dans le cadre du plan de relance économique. Cela dit, la relance réelle viendrait du côté des décisions strictement politiques, à savoir la démarche de réconciliation nationale qui, affirme-t-on, connaîtra une accélération dans le processus de parachèvement. Ainsi, après l'Aïd, les textes de loi relatifs à la Charte pour la paix et la réconciliation nationale atterriront sur le bureau du chef du gouvernement. L'agenda du président, quel-que peu perturbé par sa maladie, sera ainsi réalisé avec plus de célérité, soulignent nos sources. Ces dernières évoquent la forte probabilité que le président de la République revienne sur la question de la réconciliation nationale dans son message aux Algériens à l'occasion de l'Aïd El Adha. On s'attend même à ce que le chef de l'Etat annonce la nécessité d'aller vite dans la concrétisation du plébiscite populaire obtenu concernant la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. La corruption en tête des préoccupations L'activité politique ne se limite pas à l'activité présidentielle. Le chaud dossier de la loi sur la corruption reviendra au-devant de la scène après l'intermède de l'Aïd, puisque le texte, à l'origine d'une grande polémique politico-médiatique, sera examiné par le Sénat, avec tout ce que cela suppose comme retournement de situation et autres accusations inter-partisanes. Il est clair que ce dossier fera l'objet de discussions lors du «sommet ordinaire» de l'Alliance présidentielle, autre événement politique attendu, puisqu'au même titre que le code de la famille, il est à l'origine de comportements contradictoires entre les partis censés défendre et appliquer le même programme présidentiel. Il est entendu, à ce propos, que les leaders du MSP, du FLN et du RND qui, vraisemblablement divergent sur la manière de lutter contre la corruption, sauront aplanir leur différend, comme ils l'ont déjà fait par le passé concernant des questions de fond. Une «marque de fabrique» de l'alliance, en somme. Mais sur cette question comme sur d'autres aussi sensibles, l'on estime nécessaire l'intervention du chef de l'Etat pour départager les trois partenaires au pouvoir. Ainsi, des sources crédibles affirment que, saisi du «problématique» article 7 de la loi sur la corruption, le président de la République constituerait le dernier recours entre le FLN et le MSP d'un côté et le RND de l'autre. Il n'empêche que quelle que soit l'issue du sommet et la décision du président, il est clair que le fameux article va encore faire parler de lui, la semaine prochaine. La polémique que suscite cette loi ne pourra pas occulter un autre événement de taille qui aura lieu dans la semaine succédant au long week-end de l'Aïd. Il s'agit du dialogue gouvernement-archs. Contacté hier, le représentant de la délégation de Béjaïa, Farès Oujdi, a déclaré que la rencontre entre Ouyahia et les délégués du mouvement citoyen aura bien lieu après les fêtes. «La rencontre n'a pas pu avoir lieu cette semaine en raison du calendrier chargé du chef du gouvernement», dit-il. Ce dernier indique que les deux parties sont toujours en contact pour fixer une date en fonction de l'agenda du chef du gouvernement. La délégation se dit, de son côté, prête à entamer le reste du chemin pour mener jusqu'à son terme le processus de dialogue entamé depuis janvier 2004. Pour rappel, la délégation chargée de prendre langue avec le gouvernement s'est rencontrée mercredi dernier à Alger avec les représentants des wilayas où elle a procédé à l'évaluation de la situation en Kabylie. Ainsi, la reprise du dialogue, après une longue période de «froid» est annonciatrice d'une avancée notable dans la normalisation de la situation en Kabylie qui, après les élections partielles, semble avoir définitivement tourné la page de la mé-sentente politique avec les autorités centrales. La reprise du dialogue, avec à la clé la signature de l'accord global, au terme duquel l'Etat s'engagera à officialiser tamazight sans «référendum ni condition», marquera une étape historique de la vie de la nation, espère-t-on du côté du mouvement citoyen, qui préconise même, une dynamique nationale nouvelle qui réconcilierait l'Algérien avec son héritage historique et identitaire. La nouvelle Constitution fera parler d'elle Tous ces rendez-vous importants animeront la scène nationale pendant un temps, mais il en est un qui fera l'effet d'une véritable «bombe politique» et continuera à alimenter les discussions, voire une polémique pendant des mois. Et c'est le FLN qui en sera à l'origine. Il s'agit des propositions de cette formation politique concernant une profonde refonte de la Constitution. Le parti majoritaire à l'Assemblée populaire nationale rendra public le brouillon de ce qu'il estime être la nouvelle loi suprême du pays. La suppression de la chambre haute, le rallongement du mandat présidentiel à sept ans et autres propositions d'amendements majeurs ne manqueront pas d'interpeller l'ensemble des acteurs politiques qui ne se laisseront pas inviter pour critiquer les propositions du FLN. D'autant que cette sortie attendue après l'Aïd sur la question de la Constitution, constituera le coup d'envoi à la pré-campagne électorale pour la présidentielle de 2009, tellement le dossier est sensible, parce qu'engageant le pays sur une période assez longue. L'après-Aïd El Adha sera donc manifestement marqué par une série d'événements politiques sur fond de menace de grève dans l'éducation nationale et des revendications sociales de plus en plus pressantes, notamment après la saignée du porte-monnaie des ménages consécutive aux grandes dépenses que font les Algériens en pareilles occasions. Cela dit, au vu de l'importance des rendez-vous politiques de la semaine prochaine, les observateurs de la scène nationale sont enclins à penser que la rue algérienne ne connaîtra pas de tension, puisque la société sera certainement très attentive aux déclarations et autres débats qu'animeront les leaders politiques du pays.