Le dispositif n'est pas exceptionnel et répond aux besoins du contexte. Le risque se déplace cette fois-ci du plan sécuritaire antiterroriste au plan de la délinquance et du banditisme. Des brigades mobiles et fixes de la police et de la Gendarmerie nationale prennent le contrôle de certains axes routiers et places publiques à la veille de l'Aïd El Adha. Entrant dans le cadre routinier et traditionnel du renforcement de la sécurité lors des grandes fêtes nationales et religieuses, ce plan de sécurisation concerne les centres d'intérêt et névralgiques, tout autant que les conduits routiers et places publiques. Selon un officier de la Dgsn, «le dispositif n'est pas exceptionnel et répond aux besoins du contexte. C'est en fait, une sécurité renforcée mais discrète. Il s'agit de sécuriser les citoyens et les édifices, de donner une image de maîtrise de la situation. Cela n'est pas pour autant un dispositif contre le terrorisme, dont le risque aujourd'hui est très infime, mais contre la petite délinquance et le banditisme qui connaissent des pics lors des fêtes nationales et religieuses». En fait, le risque se déplace cette fois-ci du plan sécuritaire antiterroriste au plan de la délinquance et du banditisme. Vols de portables (malgré toutes les mesures prises par les opérateurs de la téléphonie mobile, dont le blocage de l'appareil), casses, rackets, maraudages et agressions émaillent ces jours de fête où les citoyens se parent de leurs meilleurs atours et où les visites familiales, richement parées, font transiter des milliers de citoyens d'une ville à une autre, dont ils ignorent les souricières et autres stratagèmes. Les agents de la police mobilisés s'insinuent justement au coeur du tissu urbain des grandes villes et font du «travail de proximité», de la «sécurisation rapprochée» en procédant à des rondes à pied par groupes de deux ou de quatre, en tenue et en civil, dans les axes urbains et les places publiques les plus fréquentées. La Gendarmerie nationale s'articule autour des agglomérations et se dresse sur les axes routiers menant vers la capitale. Barrages fixes, mobiles et brigades motorisées sont autant de dispositifs flexibles pour faire pièce au risque et parer à toute éventualité. Les routes nationales, telles les gorges de la Chiffa, menant vers les hauteurs de Médéa, sont sécurisées par des détachements de l'armée et par des brigades fixes de la gendarmerie, qui demeure dans ces cas-là un corps d'armée et militaire. En termes clairs, il s'agit de sécuriser le citoyen par le reflet d'une image positive des services de sécurité qui contrôlent largement le terrain. Hormis le Gspc à Boumerdès, Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira, Jijel et certains fiefs du contour des Babors, des Aurès et de Djebel Boukhil, il n'existe plus aujourd'hui d'organisations capables d'actes de violence notables. Même le Gspc, depuis la triple décapitation de ses chefs (capture de Amari Saïfi, destitution de Hacène Hattab et mort de Nabil Sahraoui en 2004), paraît aujourd'hui dépérir et certainement en train d'opérer des mutations opérationnelles dans ses structures internes. Mais, pour le moment, on n'en est pas encore là, et les services de sécurité maîtrisent la situation dans une très large mesure. Malgré des entrées de liquidités très appréciables, estimées à 56 milliards de dollars de réserves de change à fin 2005, le marché du travail en Algérie enregistre un ras-le-bol chez la jeunesse urbaine pauvre. D'où l'exceptionnelle poussée des actes de délinquance et la constitution, au quotidien, de groupes mafieux versés dans le racket, le vol, le braquage et les infractions. L'embellie financière n'a pas encore abouti à une accalmie sociale et cela se vérifie à travers les «émeutes de la pau-vreté» ici et là en Algérie faisant grincer des dents les responsables de la sécurité intérieure, qui attendent que des solutions soient trouvées en aval, mais tout en continuant à faire pièce à l'insécurité qui s'installe peu à peu dans les villes et les axes urbains.