Vendredi 19 juillet au soir, Maxim Dadashev et Subriel Matias s'affrontent à Washington, aux Etats-Unis. Les deux boxeurs restent sur 13 victoires d'affilée, presque toutes sur K.-O. Rapidement, la rencontre se déséquilibre et met en grande difficulté le Russe Maxim Dadashev. Son entraîneur finit par arrêter le combat. Plongé dans le coma et rapidement opéré d'une hémorragie cérébrale, le Russe de 28 ans succombe à ses blessures quelques jours plus tard. Des enquêtes ont été ouvertes pour déterminer la cause exacte de sa mort et les responsabilités. En onze rounds, Dadashev a subi environ 300 coups, dont certains très violents. « En boxe anglaise, contrairement à ce que les responsables en arts martiaux disent, les commotions cérébrales sont beaucoup plus répandues que dans d'autres sports », s'alarme Dave Ellemberg, neurologue à l'université de Montréal. « Les boxeurs s'exposent même à plusieurs commotions par match au vu de la force des coups qu'ils supportent. Tout coup violent reçu n'importe où sur le corps peut déplacer le cerveau dans la tête et lui faire heurter la boîte crânienne », poursuit le médecin, auteur de plusieurs livres sur les commotions cérébrales dans le sport. À la Fédération française de boxe (FFB), on assure prendre soin des combattants?: « La FFB privilégie la protection de la santé de ses licenciés. Aucune réunion ne peut avoir lieu sans la présence d'un médecin. » Sous couvert d'anonymat, un ancien responsable de la fédération certifie d'ailleurs que très peu de combattants sont victimes de commotion en France. « En cas de K.-O., des médecins de la fédération gardent les sportifs en observation, vérifient leur sang, testent leur vision et leur font des électroencéphalogrammes. » Dans le cas de Maxim Dadashev, un médecin a bien assisté au combat, sans réagir. Or, rappelle Dave Ellemberg, la commotion n'entraîne pas nécessairement un K.-O. : « Elle provoque une modification de la conscience. Des étourdissements, nausées, confusions, pertes de mémoire ou encore maux de tête peuvent survenir immédiatement après le coup ou plusieurs jours plus tard. » Pour lui, les commotions cérébrales demeurent un tabou dans la boxe : 80 % ne seraient pas diagnostiquées. « Il y a trop d'enjeux financiers, poursuit-il. Même si les boxeurs sont constamment sensibilisés, ils refusent d'arrêter de se battre et ne déclarent pas d'éventuelles séquelles. C'est pourtant grave : les dégâts que les commotions cérébrales provoquent sont irréversibles en déchirant les tissus du cerveau. Elles tuent plusieurs boxeurs par an. » Ellemberg prévient que tous les sports de contact sont concernés par le phénomène, y compris le football européen, qu'il accuse de faire l'autruche. « La fascination pour la médecine prédictive est le signe d'une forme de volonté à se délivrer de notre corps. »