Les commerces ont baissé rideau et les services publics les ont imités. De Tlemcen à Tébessa et d'Alger à Bordj Badji Mokhtar, les Algériens ont célébré, à l'instar de tous les peuples musulmans, la fête de l'Aïd El Adha en souvenir du geste d'Abraham. Cependant, si l'aspect religieux attaché à cette fête est important aux yeux de tous, c'est hélas l'aspect festif qui, chaque année, donne lieu à certains dépassements. En Kabylie, comme c'est certainement le cas partout ailleurs, les villes et les villages étaient quasiment déserts. Les commerces ont baissé rideau et les services publics les ont imités ! Ainsi et en pleine ville de Tizi Ouzou, il s'est trouvé des bureaux de poste qui ont carrément fermé et les usagers, comme disent si bien les postiers, ont été pour leurs frais. Les marchands de légumes se sont transformés, l'espace de cette fête en marchands de fruits et les boulangers en pâtissiers, les gargotes et autres restaurants ont cru bon de baisser rideau et les transports de voyageurs ont tout bonnement décidé de passer les fêtes en famille, ignorant le côté service public. Les villes ont réussi, l'espace de ces jours de fête, à montrer le côté hideux de la chose. Les voyageurs passant en ces jours de fête en nos villes sont inquiets devant les rues vides, les commerces fermés, les cafés déserts, du moins pour ceux qui restent ouverts et les rues jonchées d'ordures avec des sacs éclatés et débordants de déchets. Des cages d'escaliers et des balcons se dégagent des fumets de viande rôtie, et seules les ribambelles d'enfants peuplent de leur gentil gazouillis les rues veuves de passants. Devant les arrêts menant aux villages il faut être là pour voir les foules de voyageurs désirant se rendre dans les villages, attendre l'improbable fourgon et tout cela dans la faim et souvent aussi dans la soif. C'est terrible que les voyageurs passant par une ville comme Tizi Ouzou ne trouvent devant eux que cette façon, désormais ancrée dans les moeurs, de villes et villages fermés souvent des jours entiers à chaque fête. Ailleurs, la fête est synonyme de joie, de rues animées, de magasins achalandés et de services publics aux petits soins avec les citoyens. Fort heureusement, le service de santé a gardé encore cette notion de service de garde. Les pouvoirs publics ne peuvent-ils donc pas intervenir pour obliger justement, les uns et les autres à assurer ce service minimum? C'est le moins que l'on puisse attendre des boulangers en exigeant d'eux qu'ils vendent du pain en plus de la pâtisserie et que les restaurants ouvrent pour accueillir les voyageurs. Que dire des cafés qui sont censés ne jamais fermer et des transporteurs qui n'en font qu'à leur tête ! Les citoyens, justement parce qu'ils sont citoyens, ont droit à un certain respect attaché à ce qualifiant et les pouvoirs publics sont là pour justement y veiller. Il faut, certes, laisser les gens libres de fêter chacun selon sa convenance, de tels évènements, mais il y a des métiers qui exigent certains sacrifices : question de choix!