Les enseignants n'écartent pas l'éventualité de recourir à une grève illimitée. Après avoir relevé le défi de paralyser les établissements scolaires, les enseignants et travailleurs du secteur de l'éducation, ont revêtu, avant-hier, leurs tabliers. Ils ont regagné leurs classes pour assurer le suivi des cours. Selon eux, le pari est gagné. «Le mot d'ordre de grève était massivement suivi», estiment-ils. Mais la question reste posée sur l'aprèsgrève. Autrement dit, quel sort connaîtra ce bras de fer, ministère-syndicats, après les deux journées de grève? Sachant qu'aussi bien les uns que les autres, ne veulent pas revenir sur leurs décisions. Les syndicalistes menacent de faire recours à d'autres journées de protestations dans le cas où la tutelle ne montrera pas une bonne volonté de régler leurs doléances. Dans ce contexte, les syndicalistes, lors d'un point de presse, animé le deuxième jour de la grève, ont fait allusion à entamer une grève illimitée. «Nous allons jusqu'au bout de notre combat, en utilisant tous les moyens légaux, pour continuer à faire la pression sur la tutelle», a déclaré le porte-parole du CLA, ( conseil des lycées d'Alger) M.Redouane Osmane. De son côté, le Cnapest réunira aujourd'hui son conseil national, pour faire le point sur les journées de grève, ainsi que de consulter sa base quant aux décisions futures que prendra le syndicat. Ainsi, une rencontre de la coordination intersyndicale est attendue dans les prochains jours, pour décider des nouvelles actions à mener. Pour sa part, la tutelle «menace» d'appliquer, point par point, les directives mentionnées dans les circulaires, diffusées aux directeurs des établissements. Parmi les décisions prises par la tutelle, il est à noter la suspension de la prime de rendement, des retenues sur salaires, ainsi que des mutations de certains enseignants. Ces «menaces» du ministère ne semblent pas trop inquiéter les enseignants. Ces derniers se sont déclarés prêts à assumer entièrement leurs responsabilités. «Nous n'avons pas de quoi avoir peur. Le travail syndical est un droit garanti par la Constitution. D'ailleurs, ajoutent-ils, nous sommes habitués à ces menaces de la tutelle, pour ne rien faire ensuite...», a rassuré un syndicaliste. Devant les menaces échangées entre les deux parties, il reste à savoir, si maintenant, les portes du dialogue seront ouvertes, où bien les deux protagonistes restent encore à se regarder en chiens de faïence? La deuxième option, n'arrangera ni les affaires des enseignants, ni celles de la tutelle encore moins celles des élèves. Ces derniers n'ont pas caché leurs inquiétudes face à ce bras de fer. A propos de dialogue, la tutelle refuse de négocier avec les syndicats non-agréés. Les syndicalistes rejettent cet argument. Ils estiment que c'est un prétexte avancé pour ne pas répondre à leurs doléances. «Il y a eu, déjà, des rencontres ministère- syndicats agréés. Mais, à quoi ont abouti ces négociations. C'était toujours un dialogue de sourds», a déclaré un représentant du syndicat. Dans tous les cas de figure, ce problème exige une solution immédiate car le ras-le-bol est exprimé. La forte adhésion des enseignants à la grève témoigne du degré de ce malaise. Par ailleurs, et comme nous l'avons souligné dans une précédente édition, les travaux de la commission mixte ministère- Snte (Syndicat national des travailleurs de l'éducation) ont débuté officiellement hier. Faut-il le rappeler, que lors de cette commission, cinq ateliers ont été constitués ; il s'agit de l'atelier des maladies professionnelles, l'atelier relatif au droit du libre exercice du travail syndical, atelier sur le statut de l'enseignant, l'atelier de la formation et un atelier chargé des situations administratives. S'agissant des questions relatives à l'augmentation des salaires et à la retraite, les deux parties ont convenu d'attendre la promulgation de la loi sur la fonction publique et le statut particulier de l'enseignant.