La rentrée sociale s'annonce compliquée. Economistes et experts prévoient des années de «vaches maigres», conséquences de la crise politique qui secoue actuellement le pays. Mais le pouvoir, lui, reste rassurant et tente de trouver des solutions à même de désamorcer la bombe sociale qui menace de lui exploser au visage. C'est le cas de le dire puisqu'il vient d'indiquer la sauvegarde de milliers d'emplois, d'assurer autant de familles que leurs salaires seront bientôt versés, en sus des arriérés, et de garantir, de fait, la reprise des affaires pour des dizaines de milliers de petites entreprises. Simplement dit, le pouvoir affirme que la machine économique sera à nouveau huilée pour lui éviter tout grincement et qu'il ne s'agit nullement de détruire ce qui a été jusque-là construit, que ce soit pour l'industrie automobile ou pour tout autre secteur. C'est Mohamed Loukal, l'actuel ministre des Finances qui va l'expliquer en annonçant, dans une déclaration à l'Agence de presse officielle, qu'après la désignation, par l'autorité judiciaire, d'administrateurs indépendants pour gérer les entreprises appartenant aux groupes Haddad, Tahkout et Kouninef, les comptes bancaires de ces entités seront «dégelés dans les plus brefs délais». Une démarche qui va permettre à ces entités, développe encore le ministre, «de renouer rapidement avec un fonctionnement régulier et continu de leurs activités. (…) Les salaires non payés des travailleurs de ces entreprises vont être débloqués et le dégel des comptes bancaires va systématiquement permettre à ces entreprises de payer les arriérés de salaires». Salaires débloqués, pérennité de l'emploi assurée Mieux, les salariés de ces entreprises sont rassurés quant à la pérennité de leurs emplois puisque Mohamed Loukal a, dans sa réponse à une autre question pour savoir si l'administrateur indépendant avait, dans ses prérogatives, la possibilité de licencier des travailleurs, affirmé que «la mission de l'administrateur indépendant est, au contraire, de défendre les intérêts de l'entreprise et des travailleurs». M. Loukal insiste sur le fait que «la désignation d'administrateurs indépendants va offrir un appui et un soutien au potentiel humain et managérial». Il s'agit donc d'une démarche de sauvegarde des entreprises, dont les patrons sont incarcérés pour des affaires liées à la justice et il n'est pas question d'aller vers la liquidation ! En fait, le ministre des Finances semble vouloir mettre fin aux rumeurs sur le risque de fermeture des entreprises en difficultés depuis l'arrestation de leurs propriétaires. Sa mise au point intervient après les déclarations faites par des experts qui ont laissé entendre que la désignation d'un administrateur judiciaire n'était qu'une première étape qui allait être suivie par la désignation d'un liquidateur. Ils en veulent pour preuve, le cas du groupe Khalifa qui a fini par être mis en liquidation après avoir été mis sous le contrôle d'un administrateur. Sur ce point, Loukal a souligné que la mission d'un administrateur judiciaire et celle d'un liquidateur étaient complètement différentes, voire opposées. «Parfois, les gens confondent entre administrateur et liquidateur. Ce dernier est désigné pour liquider une entité avant sa dissolution. Or, le rôle de l'administrateur indépendant est, au contraire, de sauvegarder la société et veiller à réunir les conditions de sa bonne gouvernance», a-t-il expliqué. Le ministre a insisté ensuite sur l'objectif du gouvernement qui est de « conforter les assises financières et opérationnelles de ces entités, dans le cadre de la sauvegarde de leurs potentiels de production et d'emplois». Relance de la machine économique En d'autres termes, l'objectif est de leur assurer une viabilité. Certaines d'entre elles, émargeant à la commande publique, jouissent, dans ce cadre, d'un carnet de commandes consistant et ont pour charge également la réalisation de projets industriels structurants pour l'économie nationale». Ainsi, outre la sauvegarde de dizaines de milliers de postes d'emplois, l'objectif du ministère des Finances vise à permettre également, de relancer les relations bancaires et commerciales avec les correspondants bancaires et partenaires internationaux, dans un climat positif. Il évitera ensuite un impact négatif sur le budget de l'Etat et les caisses de sécurité sociale, consécutif au non-paiement des impôts et des cotisations sociales aux caisses d'assurance et de retraite. Il permettra aussi la relance de l'activité de dizaines de centaines de petites et moyennes entreprises dont l'activité est pleinement dépendante de celles des entités sauvegardées. En résumé, si le comité intersectoriel chargé du suivi des activités économiques et de la préservation de l'outil de production national, installé par le gouvernement, venait à réussir sa mission, cela reviendrait à la sauvegarde de la production et des emplois, la poursuite de la conduite des projets industriels en phase de réalisation ainsi que le maintien de la cadence de production pour les sociétés en exploitation, secteur automobile notamment. A croire les déclarations du ministre des Finances, le gouvernement va, non seulement, réussir à désamorcer la bombe de la rentrée sociale mais aussi réussir le challenge de diversifier son économie et sortir de la dépendance de hydrocarbures.