Les quatre détenus dans l'affaire du port du drapeau amazigh, auditionnés jeudi dernier, attendront encore une semaine avant que le verdict ne tombe. Messouci Samira, Aouissi Mustapha, Chaâlal Mokrane ainsi que Kichou El Hadi, ont été arrêtés vendredi, 28 juin 2019, pour port de l'emblème berbère lors d'une marche à Alger, avant d'êtres placés sous mandat de dépôt deux jours après. Ces derniers ont été entendus avant-hier par le juge d'instruction de la 2e chambre du tribunal de Sidi M'hamed. La défense a demandé la libération des détenus ou le non-lieu. Le juge d'instruction se prononcera dans les jours qui viennent, sur le sort de ces quatre personnes. Selon l'avocat et membre du collectif des avocats de la défense, Abdelghani Badi, «le juge a entendu les quatre détenus un par un et un verdict sera rendu probablement la semaine prochaine». Il a ajouté que «dans ce genre d'affaire, tout est probable». Un autre avocat relevant du même collectif a pour sa part fait remarquer que le juge d'instruction n'est pas entré dans les détails, et pour cause, il n'est stipulé dans aucune loi que le port du drapeau amazigh soit interdit. «Par conséquent, pas passible de poursuites judiciaires.» Selon un communiqué du collectif national pour la libération des détenus (Cnld), la décision du juge sera connue dimanche prochain. Plusieurs autres manifestants sont en ce moment même en détention à la prison d'El Harrach pour les mêmes motifs, en attendant d'être auditionnés par le juge. En parallèle, dans quelques wilayas, des détenus ont été libérés. Inutile de rappeler que l'opinion publique est ferme et se dit contre des arrestations de ce genre. Chaque rassemblement des étudiants ou des citoyens (mardi et vendredi), l'arrestation des détenus est condamnée. La population exige des tenants du pouvoir à ce qu'ils libèrent au plus tôt tous les détenus d'opinion. Samedi 31 aout, un rassemblement a même été tenu à la prison d'El Harrache à cet effet. Les forces de l'ordre n'ont pas tardé à procéder à des arrestations, dont plusieurs militants et activistes ont fait l'objet, avant d'être relâchés en fin de journée. Un autre rassemblement a été organisé plus récemment en solidarité avec les quatre détenus. Toutes les parties composant la société sont unanimes à condamner ces arrestations qui ne sont fondées sur aucune loi concrète. Injustifiables pour la plupart, qui se demandent sur quelles bases seront jugés ces derniers. De nombreuses figures de la classe politique ont elles aussi réagi, appelant le pouvoir en place à libérer tous les détenus d'opinion au risque de prolonger, si ce n'est exacerber la crise… De leur côté, les familles des détenus ne lâchent rien depuis le début. Elles se sont structurées et organisées, en union avec d'autres parties (association, syndicats, collectifs des avocats…) pour créer le fameux comité national pour la libération des détenus (Cnld). Les détenus sont originaires d'Alger, Tizi Ouzou, Bouira, Béjaïa, Skikda, Batna… Ils sont poursuivis essentiellement pour «port du drapeau amazigh, conformément à l'article 79 du Code pénal (atteinte à l'unité nationale).