Près de deux mois après le verdict du scrutin du 24 novembre 2005, des dizaines de communes demeurent sans exécutifs. Les ultimes tentatives de doter les municipalités d'exécutifs n'ont pas été concluantes ce week-end, avons-nous constaté. C'est donc le statu quo. Si les partielles de novembre dernier, en Kabylie, ont permis un début de reconfiguration politique dans la région, il reste que l'exercice dans un cadre pluraliste est des plus difficilement acceptable comme en témoigne le déroulement de la session de l'Assemblée populaire de la commune d'Akfadou. Dans cette commune, le verdict des urnes était tel que les tractations et négociations autour de la gouvernance sont devenues un passage obligé. Il en est de même dans des dizaines de communes de Kabylie. Entre les partis présents dans les assemblées, les tractations ont débuté au lendemain de l'annonce du verdict mais force est de constater que l'aboutissement souhaité par le simple citoyen ne voit toujours pas le jour. Alors que l'opinion locale s'attendait à des alliances allant dans le sens du fonctionnement des collectivités au plus vite et permettre par la même occasion le redémarrage de la vie économique, ce qui est, au demeurant, légitime, on assiste au jeu inverse. L'exemple d'Akfadou, Chemini et Souk Oufella, pour ne citer que ces communes, est amplement illustratif. Une tendance aux blocages continue à prendre forme. Les alliances contre-nature s'annonçaient par-ci par-là. Mais les négociations au sommet des formations politiques ont vite abouti au renversement de la situation qui fait que la tendance aujourd'hui est vers une alliance FFS-FLN, chose que certains considèrent comme contre-nature et que d'autres trouvent politiquement logique. L'alliance FFS-FLN n'a pas pu se concrétiser dans plusieurs communes en raison de motivations parfois «villagistes» et «personnelles» donc, loin d'être politiques. A Akfadou où le blocage pouvait être évité par une alliance de cette nature, la situation est dans l'impasse. Les nombreux citoyens venus assister à l'ultime assemblée qu'on désignait salvatrice a juste permis d'adopter le BP quant à l'installation de l'exécutif, chaque partie a campé sur ses positions se rejetant alors la balle. Aucune partie n'a accepté les propositions de l'autre. Pis encore, le BP aurait être bloqué si le FLN avait été suivi dans sa logique d'entamer les travaux de la session par le deuxième point de l'ordre du jour, en l'occurrence, la désignation de l'exécutif. Fort heureusement, les autres élus n'ont pas suivi mais cela n'a pas pour autant empêché des prises de bec, notamment sur la gestion de l'exercice précédent. La polémique autour des dépenses en carburant aurait pu déboucher sur une commission d'enquête que tout le monde souhaitait mais que chaque partie essayait de limiter dans le temps. Pendant que le RCD la souhaitait à partir de 2002, le FFS la préférait pour tous les mandats de 90 à ce jour. Finalement, l'idée sera abandonnée. Le budget prévisionnel sera tout de même adopté en dépit du vote négatif du FLN dont un élu était pourtant partie prenante dans son élaboration. Ainsi vont les contradictions dans les assemblées plurielles de Kabylie. La proposition de la majorité FFS de constituer un exécutif qui comprendrait un élu du FLN et un autre du FFS, avait été rejetée par l'assemblée par un vote à main levée. Mais lorsque le maire invite les opposants à faire des propositions, il ne trouve pas de réponse avant d'annoncer la levée de la séance. On croyait au départ que le FFS et le FLN qui sont présents dans 49 communes sur les 52 possibles pouvaient s'entraider sur fond de négociations qui porteraient même sur les quatre sièges pourvus à l'assemblée sénatoriale, mas sur le terrain, il n'en fut rien. Si le rapprochement entre les deux partis s'est déjà concrétisé dans certaines municipalités en Kabylie, il n'en est pas de même dans d'autres qui sont à présent dans des situations de blocage. Comment voulez-vous construire quand, à chaque fois, on tient à préciser, notamment au FFS, que l'alliance avec le FLN n'a rien de politique et qu'il s'agissait tout simplement d'«arrangement arithmétique»? Finalement, il ne reste plus qu'à s'interroger sur le silence qu'observe l'administration face à ces situations de blocage. Un silence qui n'est pas pour arranger les choses.