Après le concert animé jeudi dernier par Ali El Hadjar, c'est au tour du chanteur Mohamed Mounir d'électriser la scène. Les activités entrant dans le cadre de la semaine culturelle égyptienne à Alger se poursuivent. Dans leurs bagages, les petits-enfants des pharaons n'ont pas seulement apporté du cinéma, mais aussi du chant. Cette semaine culturelle, dont la clôture est prévue pour ce jeudi, est d'ailleurs très riche en musique. Après le concert animé jeudi dernier par Ali El Hadjar, c'est au tour du chanteur Mohamed Mounir d'enflammer la scène. C'était durant la soirée d'avant-hier à la salle El Mougar. La salle était pleine à craquer. Il y avait peu d'Algériens et beaucoup d'Egyptiens. Ces derniers se sont d'ailleurs déplacés en force. Dans le hall du Mougar, on entendait rarement parler en arabe dialectal algérien. Croire qu'on est au Caire. Les spectateurs ont commencé à arriver vers les coups de 19h. Pourtant, le concert ne commencera qu'après 20h30 , soit avec une demi-heure de retard. Qu'à cela ne tienne, car on s'est déjà habitué à ce genre de pratique. Ainsi, à cinq minutes du début du concert, les spectateurs commencent déjà à perdre du peu de patience. Mais cela ne tardera pas. Vite, l'animatrice monte sur scène. Et laconiquement, elle annonce le nom de celui qui fera « exploser » la salle. Tout de suite, Mohamed Mounir sort des coulisses. Cheveux crépus, maigre comme un clou, pantalon noir, veste en cuir, les manches retroussées... Cela lui donne l'impression d'un Hercule allant exécuter l'un de ses douze travaux. Les yeux « inspectant » le vide, il tente de discerner les spectateurs de leurs silhouettes. Puis, machinalement, il se tourna vers son orchestre. Fit quelques gestes, le maestro acquiesça du chef. A son tour, celui-ci échangea quelques regards avec sa troupe et... le spectacle commence. Sur les sons assourdissants de guitares électriques, de basses et de percussions, Mohamed Mounir donne le «la». Et c'est l'euphorie totale. Les musiciens s'en donnent à coeur joie. C'est la frénésie. Ce qu'on a pu remarquer le plus, ce sont les percussionnistes. Et les Egyptiens sont fameux pour leur façon de jouer. Est-elle diabolique ? Un peu ; satanique ? Presque ; artistique ? Tout à fait. Les guitaristes, quant à eux, sont plongés dans le dernier cercle de l'enfer. Les sons émis par leurs instruments les enivrent. Cet enfer artificiel, cependant délicieux, ne dure pas longtemps. Mohamed Mounir suspend tout et annonce : « J'ai rendu visite à l'Algérie dans toutes les circonstances et conditions. Ne me demandez surtout pas combien de fois j'y suis venu. Est-ce la cinquième, la sixième ou la dixième ? Je n'en sais rien. » Et l'orchestre reprend son oeuvre, cette fois-ci de plus belle. Mohamed Mounir ne sert que des chansons rythmées. Place donc à la joie. Les chansons se suivent et se succèdent. Il fallait être un bon connaisseur du répertoire de cet artiste pour pouvoir trouver les titres des chansons interprétées. Celle qu'on retient néanmoins est celle de Hamid Baroudi Hakmlet Laqdar. De toutes les manières, Mohamed Mounir n'a pas uniquement visité son propre répertoire mais aussi celui de certains artistes algériens. Il oscille ainsi entre la chanson algérienne et égyptienne. Question d'équilibrer les choses, et que tout le monde soit content. Et c'était le cas, car parmi les spectateurs, chacun a eu son compte. Pour ceux qui ne connaissent pas Mohamed Mounir, il est originaire d'Assouan. Il est le premier chanteur de sa région à s'imposer en Egypte. Artiste complet, Mohamed Mounir ne se confine pas seulement dans la chanson, mais il fait également du cinéma et joue souvent pour Youssef Chahine. Il a notamment interprété le rôle du chanteur dans Le destin, un long-métrage qui a valu au réalisateur égyptien le prix spécial du 50e festival de Cannes. H. K.