aUne trentaine de dirigeants étrangers, dont le président russe Vladimir Poutine, étaient hier, à Paris pour rendre hommage à l'ancien président français Jacques Chirac, décédé jeudi dernier. Ce lundi a été décrété journée de deuil national en France, avec une minute de silence dans les administrations et les écoles, des honneurs funèbres militaires et un service religieux solennel à l'église Saint-Sulpice à Paris, présidé par le chef de l'Etat Emmanuel Macron. Cette cérémonie s'est tenue en présence de la famille de Jacques Chirac et de chefs d'Etat et de gouvernement étrangers. Outre Vladimir Poutine, ses homologues italien Sergio Mattarella et congolais Denis Sassou Nguesso, les Premiers ministres libanais Saad Hariri et hongrois Viktor Orban y ont participé. L'ex-président des Etats-Unis, Bill Clinton (1993-2001), le roi Abdallah de Jordanie et l'émir du Qatar, Tamim Bin Hamad Al-Thani étaient également présents. Le président par intérim du Conseil de la nation, Salah Goudjil, représentait l'Algérie. Dès vendredi, le président allemand Frank-Walter Steinmeier, celui de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ainsi que le Premier ministre belge Charles Michel avaient annoncé leur présence. Souffrant, le roi du Maroc Mohammed VI a délégué son fils, le prince Moulay El Hassan. Des dirigeants politiques en place pendant les mandats présidentiels de Jacques Chirac ont fait aussi le déplacement, comme l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, l'ancien Premier ministre espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero et l'ancien président sénégalais Abdou Diouf. À l'annonce du décès de Jacques Chirac, nombre de personnalités dans le monde ont tenu à honorer sa mémoire. Vladimir Poutine qui, dans une interview au Financial Times en juin avait fait part de son admiration, le désignant comme le dirigeant étranger l'ayant le plus « impressionné » dans sa carrière, avait ainsi salué jeudi un leader «sage et visionnaire». Les condoléances des Etats-Unis ont quelque peu tardé. On devine aisément pourquoi. «Ayant dédié sa vie au service public, l'ancien président Chirac a travaillé sans relâche pour préserver les valeurs et les idéaux que nous partageons avec la France», a déclaré le secrétaire d'Etat Mike Pompeo. Les Français, eux, pourront rendre un dernier hommage à Jacques Chirac sur le trajet du convoi funéraire jusqu'à l'église Saint-Sulpice. Après une cérémonie réservée à la famille, puis des honneurs militaires en présence d'Emmanuel Macron, le cercueil de l'ancien chef de l'Etat a quitté les Invalides à 11h00, encadré par une grande escorte. Déjà dimanche, plusieurs milliers d'anonymes se sont pressés à l'hôtel militaire des Invalides - qui héberge notamment le tombeau de Napoléon - pour aller se recueillir devant le cercueil de cette figure de la vie politique française, auréolée, notamment depuis son retrait de la vie politique, d'une image d'humaniste et de bon vivant «profondément français», qualités et défauts compris. Ces citoyens, souvent émus, ont longuement patienté par un temps gris, voire sous la pluie, dans la cour des Invalides et jusque dans la rue, pour pouvoir défiler devant le cercueil de l'homme qui présida la France durant douze ans (1995-2007) après avoir été maire de Paris entre 1977 et 1995. «Ma mère est très, très réconfortée en ayant vu ces images» à la télévision, a déclaré sa fille Claude Chirac. À l'église Saint-Sulpice, le service solennel s'est déroulé en présence, côté français, des anciens présidents François Hollande, Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d'Estaing. La classe politique française devait être largement représentée. Mais la dirigeante de l'extrême droite Marine Le Pen, dont le père avait fait de Jacques Chirac un «ennemi», a renoncé à s'y rendre, après les réserves de la famille Chirac sur sa présence. Jacques Chirac, au fil d'évolutions parfois sinueuses, a toujours affiché un rejet intransigeant de l'extrême droite. Selon le souhait de son épouse, il a été inhumé au cimetière parisien du Montparnasse, dans le caveau où repose sa fille aînée Laurence, décédée en 2016.