En parcourant les stands des éditeurs algériens, on est frappé par le nombre extrêmement élevé de nouveaux livres, tous genres confondus qui ont été mis sur les étals dès la première journée du Sila. Qu'il s'agisse des éditeurs du secteur public comme l'Anep (Agence nationale d'édition et de publicité) ou de l'Enag (Entreprise nationale des arts graphiques) ou des éditeurs privés comme Hibr, Chihab, Tafat, Apic, Barzakh, Casbah, La pensée, El Amel ou autres, des centaines de nouveautés ont été mises en avant lors de ce Sila. Certains observateurs expliquent cette hausse phénoménale de la production livresque par le fait que la majorité des éditeurs algériens a décidé, cette année, de traverser les 12 mois de l'année «à sec» pour mettre le cap sur la période du Sila en éditant à la fois tout un catalogue. Les raisons : le Sila représente pour eux la meilleure opportunité pour faire connaître leurs nouveautés et les commercialiser. Mais ce critère à lui seul ne justifie pas tout car on a également constaté une hausse considérable de nouveaux auteurs, notamment de romanciers qui éditent pour la première fois un livre. Ce n'est donc pas seulement le nombre de nouveaux livres qui a augmenté cette année mais c'est aussi le nombre d'écrivains. Ainsi, au moment où l'on parle de plus en plus de la baisse de la lecture en Algérie, paradoxalement, le nombre de livres édités, dans les trois langues, tamazight, arabe et française est en très nette hausse par rapport à l'année dernière et à toutes les années précédentes. Le nombre d'éditeurs aussi. Les éditeurs de livres en exercice en Algérie a décuplé ces derniers temps et ce, dans les quatre coins du pays. Concernant les nouveautés livresques de cette année, il faut dire que le roman, dans les trois langues, occupe comme toujours la part du lion. On peut dire qu'en moyenne, au minimum cinq nouveaux romans, sortis à l'occasion du Sila, sont proposés par toutes les maisons d'éditions qui ont pignon sur rue en Algérie. Si, concernant les éditions Barzakh, Apic, Casbah, l'Anep et l'Enag, ce n'est guère une nouveauté de mettre autant de nouveautés sur les étals à chaque nouveau Sila, c'est en revanche le cas pour les autres maisons d'édition qui commencent à peine à émerger du lot ces cinq dernières années. C'est le cas notamment des maisons d'éditions qui sont situées en dehors d'Alger notamment en Kabylie où les conditions de travail ne sont guère faciles. Mais les responsables des maisons d'édition comme El Amel, Identité, l'Odyssée, La pensée, Achab, Tafat, Tira, Talantikit, Imru et autres, relèvent le défi et participent en force à ce Sila avec à chaque fois du nouveau sur les bras. Les maisons d'édition Frantz Fanon et Koukou méritent également le détour puisqu'elles comptent parmi les plus dynamiques notamment en matière d'innovation thématique. D'ailleurs, lors des trois premières journées du Sila, on a constaté une grande affluence sur les éditeurs algériens qui proposent un nouveau regard sur la production livresque surtout quand on sait que les prix chez les éditeurs algériens sont de loin moins élevés que chez les éditeurs étrangers. Bien qu'en matière d'affluence, ce sont les stands étrangers, surtout français et anglophones, qui dament le pion aux autres. «Pour ce qui est des livres édités en Algérie, tous les lecteurs savent qu'ils ont toute l'année pour les acheter dans les librairies se trouvant aux quatre coins du pays, mais il y a des livres édités à l'étranger, en France surtout, qui ne peuvent être achetés que durant les dix journées du Sila», nous confie un directeur d'une maison d'édition algérienne. En outre, il faut préciser que la quasi-totalité des auteurs algériens est présente tout au long des 10 jours du Sila pour dédicacer ses livres. La vitrine palpable et incontournable qu'offrent tous les stands algériens en ce 24ème Sila contraste entièrement avec l'idée propagée et reçue selon laquelle le livre n'a plus de beaux jours devant lui en Algérie. Il suffit de consacrer une journée, faire le tour de tous les stands algériens, pour constater de visu une réalité tout autre qui pousse à l'optimisme.