Des citoyens de Tixeraïne, une commune de la daïra de Bir Mourad Raïs accusent leur maire et une promotrice immobilière de les avoir escroqués. Ces citoyens ont animé hier une conférence de presse à la Maison de la presse. Preuves et documents à l'appui, ils affirment avoir versé 1,148 million de dinars, dans l'espoir d'avoir un logement un jour. Seulement, ce logement qui devait leur revenir dans le cadre d'un programme de logements sociaux a été transformé, à leur insu, en un projet immobilier privé. Les faits: le maire de Tixeraïne a décidé, lors d'une consultation restreinte, et sans avis d'appel d'offres, d'attribuer le marché des 104 logements sociaux à une promotrice immobilière. Les citoyens relèvent plusieurs graves anomalies dans la procédure. L'on a noté le changement d'intitulé du projet en le déclassant de son caractère social pour en faire un projet promotionnel. La deuxième anomalie concerne la promotrice qui s'est retrouvée propriétaire du même terrain pour la construction de 90 logements et 16 locaux. Les citoyens désireux de s'acquitter de leur droit d'habiter un logement ont été priés de verser 21 millions au compte Cnep de la promotrice. Une opération qualifiée d'illégale par M.Khellili: «Le premier arrêté du logement social est exécutoire, c'est un document générant un droit, et sa violation est passible de poursuite pénale.» Cette attitude, ajoute-t-il, «est assimilée à un chantage. C'est un projet public, le versement devrait passer par le receveur communal.» Les citoyens lésés exigent une enquête administrative et judiciaire, en rapport avec la double affectation du projet. En outre, les conférenciers lèvent le voile sur les lacunes de ce même programme en affirmant que pour les 104 logements, plus de 150 arrêtés ont été distribués, dont certains au nom de personnes décédées. En réponse à la question relative à la destination de la somme colossale qu'ils ont versée au compte de la promotrice, un des animateurs de la conférence indique: «L'argent a certainement servi, en partie, à la construction de 90 logements et 16 locaux. Son projet personnel, édifié sur le même terrain est achevé à plus de 80%. Pourtant, les clauses du contrat subordonnent la construction des 90 logements à l'achèvement des 104 qu'attendent les citoyens depuis plus de 20 ans», conclut-t-il Les victimes de cette affaire ont annoncé la tenue d'un sit-in demain, devant le siège de la daïra de Bir Mourad Raïs. Ils entendent, si leur affaire ne trouve pas une solution avant les prochaines élections communales, ester les ministres concernés devant le Conseil d'Etat. Plusieurs cas similaires ont été recensés ici et là en pleine capitale sans que personne se soucie ; alors que ce même fléau a fait que la capitale n'a plus d'assiette pour construire des projets de première utilité publique. La mafia a-t-elle tout raflé?