140 personnes se sont constituées partie civile contre cette dame qui se trouverait actuellement en Tunisie. Décidément, la supercherie n'a pas de limite par les temps qui courent et de surcroît lorsque le créneau rapporte gros comme celui du logement où les gains ne se comptent pas en petits millions. Le cas de cette quinquagénaire, au demeurant pas unique en son genre, est assez édifiant sur cette race d'arnaqueurs dont sont victimes d'honnêtes et simples citoyens en quête d'un toit. Le gros coup réussi par F. B., propriétaire de la promotion immobilière Semsar, basée dans la commune de Bir Mourad Raïs, se chiffre à 20 milliards de centimes transférés à l'étranger. Au tribunal de Bir Mourad Raïs, il règne ces derniers jours une effervescence peu habituelle. Plusieurs personnes ont déjà été auditionnées, selon notre source, par le procureur de la République qui a ordonné l'ouverture d'une enquête sur cette affaire qui a débuté par des plaintes déposées par des citoyens ayant constaté l'arnaque. C'est en se présentant au siège de la dite promotion immobilière pour prendre possession des clés de leurs logements que les victimes découvrent le pot-aux-roses. Ils ont du mal à croire que d'autres personnes possèdent les mêmes décisions d'attribution de logements. La surprise ne s'arrête pas là. Parallèlement, l'APC de Bir Mourad Raïs revendique pas moins de 43 logements sociaux sur un total de 148 au profit des citoyens de Tixeraïne, occupés par des familles détenant des décisions identiques. Une situation qui se complique davantage dans le sens où d'anciens responsables locaux seraient certainement impliqués dans ce mic-mac, indique notre source. Ces derniers avaient pour le compte de l'APC signé des contrats avec la promotrice pour la construction à Tixeraïne de 148 logements dans la formule LSP ainsi qu'une trentaine de locaux commerciaux dont une partie reviendrait à la dite promotrice. Un contrat qui a coûté 8 milliards de centimes. Cependant, la même source explique que la promotrice a fini par s'emparer de la totalité du projet prétextant que c'était son propre bien. Allant vite en besogne, elle se met à vendre un même logement à plusieurs acquéreurs. “Alors que les vrais bénéficiaires s'attendaient à occuper leurs logements il y a deux mois de cela, un certain nombre de plaintes a éveillé les soupçons d'une éventuelle arnaque”, dira l'un des plaignants. Un autre, qui nous a contacté par téléphone, rappellera que plusieurs familles s'étaient endettées pour payer à l'époque 21 millions de centimes à la promotrice alors que la réglementation oblige de payer à la recette municipale sachant que le projet était sous l'égide de l'APC. “Aujourd'hui, nous n'avons récupéré ni notre argent et encore moins habité ces logements. La promotrice s'est éclipsée laissant une situation chaotique.” Selon un certain monsieur, qui suit les agissements de cette dame depuis le début de cette affaire qui remonte à des années, “il n'y a pas l'ombre d'un doute quant à la complicité d'anciens responsables locaux. Sinon, comment expliquer que toutes les plaintes déposées à l'encontre de la promotrice, ainsi que les sit-in, protestations… de la part des bénéficiaires et même des entreprises sous-traitantes n'ont pu aboutir ?” Beaucoup d'interrogations planent sur cette affaire qui n'est pas près de connaître son épilogue. Toujours selon notre source, il n'est pas exclu que le dossier soit totalement pris en charge dans le cadre d'une enquête approfondie qui sera confiée aux services de police compétents. La facilité avec laquelle la mise en cause a quitté le territoire national est tout de même énigmatique. Une affaire à suivre. A. F.