Réagissant, hier, aux critiques et aux mises en garde émanant des pays européens, notamment ceux qui sont signataires de l'accord sur le nucléaire ( France, Royaume-Uni et Allemagne ), l'Iran n'y est pas allé avec le dos de la cuillère en dénonçant leur « hypocrisie » face à ses mesures de relance des activités d'enrichissement d'uranium au vu de leur échec dans le soutien attendu face aux sanctions américaines de l'administration Trump. Parties prenantes à cet accord dont le président Trump a opéré un retrait en 2018, les trois pays précités se sont contentés de vœux pieux et d'incantations sans lendemain, incapables dans les faits de s'opposer à la démarche de Washington qui a échelonné le durcissement des sanctions et cherche en permanence à mettre à genoux l'économie iranienne. Prenant acte du fait que le pacte est compromis, Téhéran a choisi de riposter graduellement à cette tentative d'asphyxier son économie déjà fortement perturbée par des années de boycott systématique aussi bien de la part des Etats-Unis que des pays européens évoqués. Aussi, les autorités iraniennes ont commencé voici deux mois à s'affranchir de certains engagements prévus par le pacte de Vienne, dans l'espoir de faire bouger les lignes européennes et d'obtenir enfin l'aide dont leur pays a besoin. C'est ainsi que l'Iran a repris ses activités d'enrichissement d'uranium, notamment dans l'usine souterraine de Fordo, tout en continuant cependant à honorer d'autres obligations non moins contraignantes et ce dans le respect des inspections effectuées par l'agence internationale compétente (AIEA) en matière d'énergie atomique. C'est après deux dates- limites que ces opérations d'enrichissement, d'abord à raison de 3% puis, la semaine dernière, de 5% ont eu lieu, suscitant l'inquiétude des capitales européennes impliquées qui ont réagi avec force pour soutenir qu'elles « ont totalement respecté leurs engagements », notamment sur le plan de la levée des sanctions internationales en vigueur avant la conclusion de l'accord en 2015. «Il est désormais essentiel que l'Iran respecte ses engagements et travaille avec tous les participants au JCPOA (sigle de l'accord de Vienne sur le nucléaire, ndlr), afin de permettre une désescalade des tensions», ont indiqué les trois pays européens, dans un communiqué commun tandis que le président américain y est allé de son grain de sel, criant à un chantage iranien au nucléaire. Ce à quoi le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif a riposté, étranglé par une indignation à peine diplomatique : «Vous? Vous avez totalement respecté les engagements pris en vertu du JCPOA? Vraiment ?», a rétorqué le chef de la diplomatie iranienne sur Twitter. Lui emboîtant le pas, le président de la République iranienne Hassan Rohani a enfoncé le clou à la faveur d'une conférence de presse : l'Iran « a attendu un an » a-t-il rappelé avant d'entamer son désengagement progressif d'un accord devenu obsolète. «Personne ne peut nous accuser d'avoir abandonné aujourd'hui les engagements en vertu du JCPOA», a-t-il déclaré. «C'est un problème que notre ennemi a créé pour nous», a-t-il constaté en pointant du doigt les Etats-Unis. Et de souligner pour bien montrer la détermination iranienne que l'approche de Téhéran consiste à prendre «le chemin de la résistance et de la persévérance» en réduisant ses engagements et en continuant de négocier. «Nous négocions avec le monde (...) Ils nous font des propositions, nous leur faisons des propositions. Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai pas accepté les propositions qu'on m'a faites», a-t-il conclu pour mettre en évidence le temps révolu du dialogue de sourds.