Le Premier ministre et quatre ministres yéménites ont atterri, hier matin, à l'aéroport de la capitale provisoire du pays, Aden (sud), après un accord signé début novembre avec les séparatistes du sud qui les en avaient chassés, ont constaté plusieurs observateurs et des représentants des médias. Ce retour du Premier ministre yéménite à partir de Riyadh était en principe prévu la semaine dernière mais il a été retardé pour des « raisons logistiques ». L'Arabie saoudite avait mis tout son poids dans la balance pour faire aboutir les pourparlers entre le gouvernement de Abd Rabou, qu'elle soutient et les séparatistes yéménites appuyés fortement par les émirats arabes unis. Les forces séparatistes du Conseil de transition du sud (STC) ont pris en août le contrôle d'Aden, devenue la base de repli du gouvernement, déjà expulsé de la capitale Sanaa en 2014 par les rebelles Houthis. Le 5 novembre, le STC et le gouvernement, en principe alliés dans la guerre contre les Houthis, ont conclu à Riyadh un accord de partage du pouvoir sous la médiation de l'Arabie saoudite. L'accord prévoit notamment l'intégration des séparatistes du STC au gouvernement et le retour de celui-ci, alors exilé à Riyadh, dans la capitale provisoire, Aden. Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi vit, quant à lui, à Riyadh depuis la prise de Sanaa par les Houthis. Depuis 2015, l'Arabie saoudite mène une coalition militaire au Yémen pour contrer l'offensive de ces rebelles soutenus par l'Iran. Le conflit entre les frères d'armes dans le sud du Yémen avait fait craindre un éclatement de la coalition anti-Houthis et un embrasement du pays, déjà frappé par la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU. Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, avait déclaré que l'accord signé sous ses yeux allait «ouvrir une nouvelle période de stabilité au Yémen». L'émissaire de l'ONU au Yémen, Martin Griffiths, avait salué «une étape importante pour nos efforts collectifs, en vue d'un règlement pacifique du conflit au Yémen». La guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, la plupart des civils, selon diverses organisations humanitaires. Et l'ONU, qui redoute la pire crise humanitaire jamais observée à ce jour, même si des efforts ont été couronnés de succès pour la libre circulation de l'aide alimentaire dans le port de Hodeïda, contrôlé par les Houthis mais systématiquement pilonné par la coalition sous commandement saoudien dont les raids meurtriers ont entraîné la mort de centaines de civils, pour la plupart des femmes et des enfants.