Chaque parti avance ses pions sur l'échiquier politique et tente de trouver le point faible chez ses alliés. Des sources généralement bien informées ont indiqué à L'Expression que le RND compte installer une commission composée de haut cadres du parti, destinée essentiellement à faire des propositions à la direction du RND sur des questions d'ordre politique et économique. Ces observateurs de la scène nationale ne tarderont pas à voir dans cette structure une tentative du RND de «contrôler» les activités de certains départements ministériels, proposant par la même occasion des alternatives en matière de gestion de nombreuses institutions de l'Etat. Cette «initiative» du parti de Ahmed Ouyahia intervient alors que la scène politique bruit de rumeurs sur les intentions du FLN et du MSP qui, chacun pour son compte y est allé de sa commission de contrôle. Rappelons, en effet, qu'après la mise sur pied par la formation de Abdelaziz Belkhadem de la commission de contrôle de l'exécutif, le parti de Bouguerra Solatni a, de son côté, annoncé la couleur en créant une instance partisane avec pour mission la traque de la corruption sous toutes ses formes. Ainsi, chacun des trois partis dispose de son «arme de poing» et semble prêt à «dégainer» au moindre «mouvement suspect» au sein de l'alliance. Il est incontestable que le remaniement ministériel annoncé pour bientôt est à l'origine de cette effervescence au sein d'une coalition qui prépare, dit-on, activement un sommet. En attendant l'avènement de cette «réunion-phare» de la vie politique du pays, il semble que chaque parti avance ses pions sur l'échiquier politique et tente de trouver le point faible chez ses alliés, dans l'espoir de peser le plus lourd possible dans la décision du «lifting» qui sera opéré sur le gouvernement. Il faut dire que depuis sa naissance à la veille de la dernière présidentielle, l'alliance, que les chefs des partis la composant aiment à qualifier de «stratégique», n'est pas parvenue à convaincre l'opinion nationale sur son caractère «cohérent». Et il faut dire qu'il ne fallait pas être «mauvaise langue» pour constater des divergences criantes sur les questions de fond. Il en a été ainsi pour le code de la famille et la réforme de l'éducation, et récemment, pour ce qui concerne la révision de la Constitution. Ces contradictions que Abdelaziz Belkhadem, Ahmed Ouyahia et Boudjerra Soltani, aiment à qualifier de débat interne, somme toute normal, prennent, faut-il le reconnaître, des proportions quelque peu étranges, si l'on tient compte de la profusion de commissions. En effet, des observateurs avertis de la scène politique estiment que ce genre d'instances auraient pu être regroupées en une seule et chapotées «solidairement» par l'alliance. L'abandon de l'option de «contrôle conjoint» de l'action du gouvernement illustre donc cette tendance du «contrôle de l'autre» qui tend à devenir une pratique de la «démocratie à l'algérienne». Ainsi, les alliés au pouvoir, le sont sur la base du soutien du programme présidentiel, mais au-delà, il semble que «tout est permis», puisque les «peaux de banane» se font au quotidien, à l'image de l'épisode des salaires où le FLN et le MSP ont publiquement contredit le chef du gouvernement et néanmoins secrétaire général du RND, qui préside justement l'alliance présidentielle stratégique. Avant cela, c'est le MSP qui a fait les frais des calculs partisans puisqu'il a été laissé au «pas de la porte» des partielles en Kabylie. Le dernier épisode vient du RND qui, en créant sa commission de «contrôle», ouvre grands les volets aux manoeuvres politiciennes. C'est dire donc que le sommet de l'alliance s'annonce, en principe, assez chaud. Cela dit, les trois dirigeants ont habitué l'opinion publique nationale à des sorties, pour le moins surprenantes, de sorte à ce qu'il soit fort probable qu'aucun sujet brûlant de l'actualité ne fasse l'objet d'un communiqué officiel. Les trois hommes qui, par presse interposée, semblent diverger profondément, ne rendront sans doute pas publique la teneur de leurs discussions. Mais il est clair que tant que le remaniement ministériel n'a pas encore eu lieu, il faut s'attendre à d'autres sorties médiatiques des leaders de l'alliance. Celle de Ahmed Ouyahia, attendue pour la seconde quinzaine du mois en cours sera le baromètre de l'«état de l'alliance». Le chef du gouvernement qui présidera le conseil national du RND, interviendra en qualité de secrétaire général de son parti et président sortant de l'alliance présidentielle.