Malgré les rumeurs persistantes de démission et d'exclusion, le parti de la majorité, le RND, prépare en toute quiétude son entrée dans la course électorale pour les prochaines législatives. Pourtant certaines indiscrétions parlent avec insistance de la volonté d'Ouyahia de couper volontairement les ponts avec ses anciens alliés. Cette variation dans le choix obéit, selon les observateurs, à des considérations purement électorales et stratégiques. Ce qui explique, en fait, le choix de l'homme fort du RND sur des hommes qui composent les deux commissions chargées de préparer la campagne électorale. L'actuel ministre d'Etat et ministre de la Justice, M.Ahmed Ouyahia, a choisi de placer des hommes proches de lui et d'écarter les personnes proches de l'ancien secrétaire général du RND, M.Abdelkader Bensalah, donnant ainsi la priorité à des cadres proches de lui, tels que Belkacem Mellah, l'ex-journaliste de la télévision et député d'Oum El-Bouaghi, le président de l'Union des écrivains algériens Azzedine Mihoubi ou les députés Tayeb Blidi et Amar Hita qui constituent le noyau fort de la composante d'Ouyahia. La nomination du sénateur Chihab Seddik, l'homme de confiance d'Ouyahia et de M.Malki à la tête des deux commissions composées chacune de onze membres ne fait que conforter cette thèse. Ainsi pour mieux préparer sa première campagne comme chef de parti, Ouyahia a soigneusement éliminé de sa carte politique des hommes proches de l'actuel président de l'APN , qui demeure pourtant membre du bureau politique du RND et député du parti à Oran, excluant au passage tous les cadres importants issus de son courant, tels Khalfa Mbarek, Khaldi Boumediene ou encore les ministres Mohamed Maghlaoui et Mohamed Chérif Abbas. Il a choisi d'opter pour une direction fidèle et proche de ses idées et qu'il peut facilement gérer en cas de défaite électorale et ce, afin d'éviter une éventuelle fuite de ses militants au parti qui sortira majoritaire, comme ce fut le cas lors des dernières législatives où des milliers de militants du FLN avaient adhéré au RND. En fait, le secrétaire général du RND n'a pas l'intention de faire de fausses promesses et fixe son objectif sur la lutte antiterroriste et le développement d'une société moderne où le fondamentalisme n'a pas de place, évitant ainsi de placer son discours «récupérateur» dans un cadre purement social. En réalité, Ouyahia ne veut pas refaire les erreurs du RND en 97, il veut se placer comme un leader politique capable du meilleur et essayer, un tant soit peu, d'effacer, le pire celui d'un parti issu de la fraude électorale. Si le secrétaire général du RND a opté pour un camp au détriment d'un autre, son objectif principal aux élections demeure néanmoins la récupération de la capitale, enjeu de toutes les convoitises politiques. Pour le porte-parole du RND, M.Miloud Chorfi, ces nominations obéissent essentiellement à des considérations politiques du parti, il n'y aucune démission ou exclusion signalée au parti. Au contraire, souligne le chargé de communication du parti de la majorité, le parti se porte bien et enregistre chaque jour de nouvelles adhésions. M.Miloud Chorfi ajoute qu'il y a des tentatives de déstabilisation qui sont mises en branle pour tenter de freiner l'avancée positive du RND sur la scène politique nationale. Des avis que partage avec toute objectivité le responsable de la commission électorale chargé par Ouhayia de définir les critères et les conditions de sélection de ces candidats du RND pour les législatives. Des candidats, affirme, M.Seddik Chihab, qui devront faire preuve d'intégrité, de compétence et de moralité et surtout être convaincus des principes et de la vision du parti. C'est, sans doute, ce dernier point qui fait défaut chez certains militants du parti majoritaire à l'Assemblée qui n'ont pas hésité à quitter les rangs du parti pour entrer en dissidence. D'ailleurs, certains cadres du parti, qui ne partagent pas le discours d'Ouyahia, risquent de quitter le parti à la première déconvenue. La deuxième commission installée vendredi dernier par le secrétaire général du RND, M.Ahmed Ouyahia, a été confiée à M.Malki, un député influent dans le parti syndicaliste proche de Sidi Saïd, qui se chargera, quant à lui, d'élaborer un programme politique pour la prochaine campagne électorale. Ces deux commissions devront rendre leur rapport à Ouyahia, vendredi prochain au terme d'une réunion importante à l'hôtel Mouflon d'or, afin d'être adopté et présenté ensuite au conseil national du parti les 14 et 15 février prochain. Un conseil national qui s'annonce d'ores et déjà comme un tournant dans la vie politique d'un parti au parcours troublant et qui est né d'une idée ambitieuse du feu Abdelhak Benhamouda. Surtout si le RND est dépourvu de l'alliance du parti fort du moment le FLN et qu'il entamera une course électorale seul contre les islamistes et l'opposition.