Bien que pas encore entamée, la campagne électorale fait déjà bouger les staffs dirigeants des partis de l'Alliance. En bon parti de l'administration, le RND semble être en tête de la locomotive électoraliste du candidat Bouteflika. Le parti du Premier ministre hérite de la direction de la campagne électorale et du droit de mener la « danse » dans les grandes villes en laissant aux autres membres de l'Alliance le soin de s'occuper du... reste. Ceci ne peut être perçu que comme un discrédit pour le « vieux » Front, le FLN qui, pourtant, a été le premier à chanter les louanges du troisième mandat depuis plus de deux ans. Le FLN se trouve donc flanqué de l'étiquette « invité » dans une « fiesta » qu'il a mis longtemps à préparer. Il s'agit pourtant du parti dont Bouteflika est le président d'honneur. Est-ce là l'expression d'un manque de gratitude vis-à-vis de sa propre famille politique ou alors l'expression d'un manque de confiance dans l'aptitude du FLN à dépasser ses crises internes ? Peut-être les deux à la fois. Le candidat Bouteflika, qui couvait sa candidature pour une troisième mandature depuis le début de son second mandat, a fait face à des résistances, notamment au sein de l'appareil de l'Etat. Il mit donc fin aux fonctions d'Ahmed Ouyahia comme chef de gouvernement pour mettre au- devant de la scène la voix qui lui est acquise, à savoir celle du FLN, à travers son fidèle secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem. Ce dernier se chargea de préparer le terrain, ce qui impliquait de grossir les rangs des alliés en faveur du projet présidentiel. Et Bouteflika se chargeait de convaincre les hautes autorités du pouvoir. Une fois le deal avec les décideurs atteint, Ouyahia revient aux affaires avec sans conteste des conditions pour soutenir la révision de la Constitution. Cette dernière n'était que discours et est devenue, avec le soutien du RND, une réalité. Aujourd'hui, alors que c'est fait, Ahmed Ouyahia et son parti, le RND, sont remis au-devant d'une scène dont le partage des rôles est en leur faveur. L'autre hypothèse qui pourrait justifier l'écartement du FLN de la tête de la campagne est liée au manque de confiance dans les capacités mobilisatrices de ce parti qui souffre, depuis la crise de 2004, d'un déchirement interne. Tels des spasmes se manifestant lors de chaque rendez-vous majeur, cadres et base militante ne cessent de discréditer Belkhadem qu'ils accusent d'avoir fait perdre au parti son aura d'antan. Vrai ou faux ? Le résultat est que la machine électorale, qui devait se poser sur le trépied que représentent les partis de l'Alliance, à savoir RND-FLN-MSP, semble s'appuyer davantage sur le RND. Ce dernier, qui a l'avantage de savoir manier l'administration, est aussi connu pour sa proximité avec le milieu des hommes d'affaires nécessaires, avec leurs soutiens financiers, pour huiler la machine électorale. Contrairement au FLN secoué sporadiquement par des crises internes, le secrétaire général du RND a vite étouffé dans l'œuf un mouvement de dissidence qui visait à le détrôner de son poste de patron du parti. Des paramètres qui semblent, aux yeux de l'entourage de Bouteflika, plaider pour le choix de ce parti comme meneur de campagne de premier ordre, suivi du FLN comme soutien logistique et du MSP comme façade pour rallier l'électorat islamiste. Ce dernier aurait d'ailleurs décidé de geler ses activités au sein de la permanence électorale d'Alger pour protester contre son remplacement par le FLN. Nous avons tenté vainement de joindre les cadres du MSP pour confirmer cette information. Alors, guerre ou paix au sein de l'Alliance ? Une chose est sûre : les trois appendices de l'appareil de la campagne pour Bouteflika auront à surmonter leurs querelles intestines pour faire face à la tiédeur des électeurs.