Le vieil hôpital n'a jamais pu atteindre un haut seuil de performance. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M.Amar Tou, était à Oran mercredi et jeudi derniers pour une visite de travail, la troisième en moins de quatre mois. Après l'inspection de structures de santé publiques communales et du projet de centre de radiologie de Misserghine en cours d'achèvement, Amar Tou s'est rendu jeudi matin au CHU d'Oran pour s'enquérir des situations au niveau des services de cardiologie, de la maternité et de la clinique de chirurgie infantile. Les pavillons de ces trois structures, qui étaient dans un état de délabrement avancé, avaient bénéficié de crédits de la wilaya pour la réalisation d'importants travaux de réfection et d'aménagement. Des travaux qui traînaient en longueur. Contrairement à sa précédente visite à Oran, le ministre était visiblement satisfait par l'avancement des travaux de réfection de la maternité et l'achèvement du chantier au service de cardiologie... malgré les quelques remarques et réserves émises par les professeurs, chefs de service concernés. Mais au-delà de l'inspection de ces chantiers de réfection, l'atmosphère ambiante durant la visite était chargée de questions récurrentes liées au fonctionnement et à la gestion du vieil hôpital d'Oran qui n'a jamais pu atteindre un seuil de performance digne d'un grand établissement universitaire. Le nombre impressionnant de directeurs généraux qui se sont succédé, à son chevet, en moyenne, un tous les dix mois durant ces douze dernières années, reflète bien cette «fatalité de l'échec» entretenue sur le terrain oranais de la santé publique... Mardi dernier, à la veille de la visite ministérielle, un nouvel «incident» dans les relations entre le DG de l'hôpital et le chef de service des urgences médicales, a rallongé la liste déjà longue des problèmes et des conflits qui ont créé un climat de marasme, de malaise et d'instabilité. Sur instruction du DG de l'hôpital, des résidents réanimateurs, relevant du service des urgences médicales, ont été, dans la soirée de mardi, fermement «interpellés» par des agents de sécurité du CHU pour abandonner leur garde dans leur service en raison d'une décision de réaffectation au service de réanimation prise il y a quelque temps par la direction du CHU. Au-delà des arguments des uns et des autres, pour le citoyen et le malade «profane» en matière d'organisation et le fonctionnement d'un hôpital, cet «incident» ne vise qu'à entretenir les inquiétudes et nourrir les angoisses de ceux qui «ont le grand malheur de devoir entrer à l'hôpital public». Durant toutes ses visites, le ministre a très sévèrement interpellé la communauté médicale oranaise, l'a convaincue à «dépasser les conflits d'intérêts personnels» et à se réunir autour des objectifs de santé à travers le débat scientifique et non la stérile polémique. Mais la gestion de l'établissement, estiment une majorité de professeurs chefs de service, ne repose encore aujourd'hui que sur «des initiatives dangereuses et irresponsables» de nature à «démobiliser et à décourager ceux qui travaillent et défendent encore le secteur médical public». Les exemples de décisions qui, selon ces spécialistes, seraient contraires aux normes d'organisation et de bon fonctionnement des services hospitaliers, sont nombreux. Et rares sont ceux qui estiment aujourd'hui que les «rafistolages» et autres travaux de réaménagement récurrents des vieux pavillons pourraient, à eux seuls, sortir le CHU d'Oran de son agonie avancée.