Avec une étude et un exercice analytique aussi approfondi, il ne reste plus rien à cacher d'un conflit qui s'avère être, selon les principes de toutes les conventions, une question de décolonisation pure et simple. Le conflit palestino-israélien est mis sous les lumières par la revue Naqd, dirigée par Dahou Djerbal, dans sa dernière édition. Une équipe d'universitaires, historiens, politologues, analystes et sociologues s'insurge par la plume contre l'injustice, les affres du colonialisme et la répression. Dans le petit espace que réserve la revue Naqd, on n'a pas besoin de chars ni d'une armée pour décortiquer un conflit, dont le règlement est renvoyé aux calendes grecques. Plutôt, une plume, et,... une pensée aussi pour pleurer la Palestine, patrie chagrinée et déchiquetée. Sur ce terrain de la critique, on ne se contente pas de rappeler la genèse d'une «infection», plutôt la tendance est tournée vers une plume réaliste en donnant la parole à ceux qui ont vécu le conflit et qui ont ressenti la douleur, mais aussi aux analystes ayant suivi le dossier Palestine à la trace. Mustafa Barghouti, président de l'Ong palestinienne «Union of Palestinian Medical Relief Committees» et détenteur d'un siège au nouveau Conseil législatif tout comme la candidate Rawia Al Shawa, écrivait sur les conditions pour la construction d'un régime démocratique en Palestine. Il suggère, en quelque sorte, dix conditions qu'il juge essentielles pour la démocratisation de la Palestine. Mustapha Barghouti croit surtout à la solidarité internationale pour la liberté et l'indé pendance de la Palestine. «Je peux désigner le problème principal en Palestine comme celui de l'injustice, une très grave injustice», pense-t-il. Sa contribution dans le numéro spécial Palestine de la revue Naqd a permis de bien comprendre et faire comprendre la cause palestinienne. «La question palestinienne est assez simple à comprendre si on la regarde de manière correcte: la lutte des Palestiniens est une lutte de libération nationale, comme la lutte des Algériens ou des Vietnamiens était une lutte pour l'indépendance; elle a des points communs avec la lutte des Sud-Africains contre l'apartheid», explique Mustapha Barghouti, défenseur acharné de la question palestinienne sur la scène internationale. Pour arriver justement à l'autre rive, longtemps réclamée à cor et à cri, Mustapha Barghouti suggère de passer par un seul canal. Il s'agit d'insister pour la reconnaissance des droits des Palestiniens et de demander une paix juste et véritable. Mais comment faire? Il est obligatoire tout d'abord, estime Barghouti, de stopper l'opération de l'occupation, la restitution de leurs droits aux Palestiniens, la fin de l'oppression et la mobilisation d'un très fort mouvement de solidarité internationale. Sinon, «si la situation actuelle continue, la communauté internationale devrait songer à des sanctions. Comme ce fut le cas avec l'Afrique du Sud», réclame-t-il sur toutes les scènes internationales. De nouveaux horizons de pensée s'ouvrent sur un conflit, plutôt une cause qui n'est pas comme toutes les autres, pourtant juste. "Palestine, les clés d´un conflit". C'est, en fait, le numéro 21 de Naqd (Critique), entièrement consacré, cette fois à la question palestinienne. La question est posée, et pour répondre, d'éminents universitaires algériens, palestiniens et israéliens ont tenté de trouver les clés par des collaborations aussi pertinentes dans ce numéro spécial qui porte sur plusieurs thèmes dont, notamment, «les origines de la question nationale palestinienne et la perception qu´en a la société israélienne". Faut-il mettre également sous lumière d'autres thèmes, genre face-à-face, aussi fracassant à l'instar des deux contributions de Gilbert Meynier intitulées «Le colonialisme israélien ou les origines de la question palestinienne» et celle de Illan Pappe: «Israël, un Etat dans le déni». Avec une étude et un exercice analytique aussi approfondi, il ne reste plus rien à cacher d'un conflit qui s'avère être, selon les principes de toutes les conventions, une question de décolonisation pure et simple. Demeurent, toutefois, quelques questions. Est-il possible de voir un jour tous ces intellectuels, défenseurs de la cause palestinienne, se réunir et la main dans la main, arriver au bout du tunnel? Quoiqu'il soit, c'est une nouvelle vie qui commence pour les Palestiniens. Les événements se sont précipités, jetant sur la scène d'autres donnes, à la suite notamment du «décès politique» d'Ariel Sharon et la victoire du Hamas aux dernières législatives.