Au moment où la commission bancaire accomplissait cette besogne, aucun débat n'a été soulevé. Mauvais augure pour la réforme bancaire nationale. La liquidation, l'une après l'autre, des banques privées algériennes donne un avant-goût d'un échec pour les choix futurs du secteur, notamment le processus de privatisation dont celle du CPA qui doit intervenir en 2007. Elle incite à des réquisitoires contre des gestionnaires de la politique monétaire nationale. Les observateurs des systèmes financiers restent perplexes devant «un nombre aussi élevé d'échecs et d'imperfections, en un temps aussi réduit». Entre la création des banques privées en 2001 et la disparition de ces institutions, il s'est passé en effet très peu de temps d'un côté, et de l'autre, les observateurs estiment que «la mise en faillite de la première banque privée Khalifa Bank n'a pas été appréhendée à sa juste mesure aux plans politique, économique, financier et social». Si ces retraits d'agrément et ces scandales peuvent être estimés au plan financier, l'impact sur le simple épargnant et les investisseurs demeure insondable. C'est la crédibilité des institutions financières algériennes qui prend un sérieux coup. Il sera très difficile en effet, de regagner la confiance des petits déposants. Selon des experts de la finance, le taux de bancarité a dramatiquement chuté durant l'année 2005 qui a été incontestablement la plus «fertile» en scandales et retraits d'agrément. Il est clair aussi que l'image du système financier algérien ne sera pas reluisante chez les investisseurs étrangers auxquels il a été reproché un manque d'engouement pour le marché algérien, malgré toutes les facilités qui leur sont accordées. Les représentants de la commission bancaire qui se charge de ces liquidations, prétendent agir en conformité avec les dispositions de la loi relative à la monnaie et au crédit. Ces mêmes représentants affirmaient, il y a quelques années, que la création des banques privées et l'accroissement de leurs activités ont permis le développement d'une concurrence saine entre les banques. Curieusement, au moment où se déroulait cette besogne, aucun débat n'a été soulevé : la commission bancaire nationale n'a-t-elle pas agi dans la précipitation? A-t-elle respecté les dispositions prévues par la loi sur la monnaie et le crédit? A-t-elle respecté les mécanismes de recours, notamment en matière de mécanismes de régulation. Existe-t-il en Algérie, des mécanismes qui prévoient l'assurance interbancaire? Existe-t-il une société de garantie des dépôts bancaires pour la sauvegarde des banques privées en difficulté? Autant de questions soulevées par les spécialistes mais restées sans écho. Alors que la descente aux enfers des banques privées se poursuit, le système bancaire national se donne en spectacle sur les places financières internationales. Ces nombreuses imperfections sont en partie à l'origine de la faillite. Vu ce type de gestion, personne ne peut prévoir le devenir du paysage bancaire algérien. Sera-t-il entièrement public, entièrement privé ou l'Etat gardera-t-il un groupe bancaire public puissant? Depuis 2003, cinq banques agréées - Khalifa Bank, la Banque commerciale et industrielle algérienne (Bcia), la Compagnie algérienne de banque (CA Bank), Mouna Bank et Arco Bank-- ont été dissoutes au même titre que deux établissements financiers (Union Bank et Algerian International Bank). Le paysage bancaire algérien ne compte plus désormais que 18 banques (dont les six grandes banques publiques) et cinq établissements financiers. Le secteur financier ne s'est pas contenté de ces défaillances en cascade. Il a révélé ses secrets par des scandales financiers liés à des détournements et à des malversations. Le plus grand scandale a été celui de la Banque nationale d'Algérie (BNA) où plus de six hauts cadres ont été inculpés. Un autre scandale éclate à la Banque algérienne de développement rural (Badr) où 12 milliards de dinars se sont volatilisés. La Banque extérieure d'Algérie a été, elle aussi, éclaboussé par une autre affaire relative à une opération de financement d'importation d'un montant de 12.000 milliards de centimes. Et rien n'indique que la série noire est terminée.