Le système financier algérien éloigne de plus en plus les investisseurs étrangers. La réforme, déjà critiquée suite à la liquidation, l'une après l'autre, des banques privées algériennes, n'a pas encore porté ses fruits. Il est clair aussi que l'image du système financier algérien ne sera pas reluisante auprès des investisseurs étrangers, auxquels il a été, également, reproché un manque d'engouement pour le marché algérien. L'Algérie est une économie d'endettement, où les entreprises n'ont qu'une unique source de financement externe, à savoir le crédit bancaire lequel engendre les trois effets pervers : accumulation de créances douteuses devenant irrécouvrables, expansion des créances interentreprises (source de création monétaire hors circuit) et développement de la thésaurisation chez les particuliers et le secteur privé (créant des circuits de financement parallèles). Au plan du fonctionnement des banques, ce type d'économie génère un mode de négociation des contrats - demande/octroi de crédit, par exemple - que l'on peut qualifier de hors-marché : le gré à gré. Nos banquiers primaires se sont longtemps plaints de leur mise hors circuit du processus décisionnel, obligés qu'ils étaient de donner suite aux injonctions. Mais maintenant, et donc après coup, l'on peut aussi dire que ceci est vrai seulement pour le crédit encadré (à l'adresse des entreprises publiques) mais non pour les autres formes de crédit (particuliers et secteur privé). La présentation de Mme Mentouri, lors du dernier Conseil de gouvernement, englobe le secteur bancaire, les assurances et le secteur financier. Il s'agit pour le premier de moderniser le système bancaire, de la mise à niveau des crédits et le plus important, c'est que la ministre propose la création d'une banque spécifique à l'investissement et ainsi que des groupements bancaires. Mais la question qui se pose est comment envisager la création d'une banque d'investissement alors que les banques publiques disposent des fonds et des financements nécessaires pour tous les investissements avec un niveau de liquidité extrêmement élevé. Les ressources disponibles proviennent des exportations des hydrocarbures, de l'épargne des ménages et des mises à disposition par le Trésor dans le cadre de l'assainissement des portefeuilles des banques (les entreprises publiques avaient développé des créances auprès des banques publiques que l'Etat a remboursées). Ces ressources existent mais ne sont pas automatiquement transformables en crédits, car il y a deux obstacles : les projets ne sont pas suffisamment matures et ces ressources sont volatiles, elles peuvent être retirées à tout moment par leurs propriétaires, il faut des techniques pour les pérenniser. Un crédit trop facile est synonyme de gaspillage ou d'un soutien qui ne pourra être sécurisé. Mais comme il y a des ressources en quête de placement, fossé entre les entreprises et les banques en envisageant la privatisation de certaines d'entre elles. Au moment où l'Etat se désendette au niveau extérieur, on parle de déficit budgétaire couvert par le recours aux surliquidités des banques privatisables. Dès maintenant, l'Etat s'endette auprès des futurs acquéreurs. En même temps, toutes les banques étrangères installées dans notre pays ont le même comportement que les banques algériennes publiques ou privées : elles favorisent l'import-export et ne facilitent pas l'investissement. On est loin des banques qui joueraient le rôle de financiers du développement. Les taux d'intérêt usuraires pratiqués le prouvent, la réforme de la banque n'est pas la mère des réformes, comme le suggérait un ministre. Elle sera le fruit de la transformation radicale de l'économie.