En moins d'une année, quatre banques privées ont été mises en liquidation, augurant le quasi-effondrement du secteur bancaire privé local, avec l'obligation en sus de ramener le capital minimum des établissements bancaires en mars prochain à 2,5 milliards de dinars, contre 500 millions de dinars actuellement. Les scandales en série qui ont secoué certaines banques publiques ont incontestablement marqué l'actualité économique durant l'année 2005. Le secteur bancaire algérien ne s'est pas encore remis de la faillite de Khalifa Bank, une banque à capitaux privés nationaux, qui s'est retrouvée une nouvelle fois dans le tourbillon des scandales à répétition qui ont fait l'ouverture de quelques journaux privés, entachant ainsi davantage la crédibilité même du système bancaire algérien. Les montants détournés sont tellement importants (les détournements cumulés de la BNA et de la Badr sont estimés par la presse à 4 000 milliards de centimes et certaines sources parlent de 6 000 milliards de centimes), qu'ils révèlent avec quelles facilité et ingéniosité les escrocs se jouent des instruments bancaires, mais aussi toute l'étendue des défaillances qui caractérisent actuellement les organes de surveillance et de supervision bancaires. Le ministre des Finances, évoquant les scandales qui ont secoué la BNA et la Badr, avait souligné que“trois d'entre eux sont très lourds”. La plus grosse affaire, du moins révélée par la presse, est sans aucun doute celle qui a ébranlé la Banque nationale d'Algérie (BNA). Si la réforme bancaire, comme le soutient le grand argentier du pays, a engendré des avancées en matière d'amélioration des systèmes d'information qui, à leur tour, ont permis de déceler mieux qu'auparavant les détournements, il convient de relever que le contrôle interne des banques a été complètement défaillant. Pour optimiser l'efficacité des mécanismes de contrôle afin de couper court aux manœuvres d'escroquerie devenues monnaie courante au sein des agences bancaires, les autorités bancaires misent essentiellement, à compter de janvier 2006, sur la modernisation des moyens de paiement. Le renforcement des moyens de contrôle bancaire aurait permis à la Banque centrale de détecter, durant cette année, nombre de dérives au sein de banques publiques et de retirer l'agrément à trois banques privées, Mouna Bank, Arco Bank et la Compagnie algérienne de banque, et à l'établissement financier AIB. Deux règlements importants, l'un relatif à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, et l'autre au système de compensation de chèques et autres instruments de paiement, ont été approuvés par le Conseil de la monnaie et du crédit (CMC). Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohammed Laksaci, a précisé que“ces règles doivent conforter l'arsenal juridique régissant l'activité des banques, mais aussi assurer la traçabilité des opérations bancaires”. Après des années d'atermoiements et d'hésitations, les pouvoirs publics ont enfin décidé d'accélérer le rythme de la réforme financière et bancaire. Les critiques sévères formulées par le président de la République lui-même à l'encontre du système bancaire, à l'occasion d'une réunion en avril avec les cadres de la nation, a été pour quelque chose. Le ministre des Finances affirme que les résultats concrets de la réforme financière en Algérie devraient être chiffrables dès 2006 avec, notamment l'entrée en service du nouveau système de paiement. Meziane RABHI