Il court, il court le Ben Laden! Comme le dit la chanson des Guignols de Canal+ le terroriste, présumé, le plus recherché de la planète continue sa cavale par monts et par vaux. Ainsi, selon un porte-parole de l'armée américaine en Afghanistan, des «traces» de Ben Laden auraient été découvertes dans une des grottes de Tora Bora investies par les troupes américaines. Des traces certes, mais de Ben Laden point. Le gibier semble s'être bel et bien volatilisé, à telle enseigne que les militaires américains se sont promis de ne plus formuler d'hypothèses tant elles se sont avérées, jusqu'ici, sans fondement. Le brain-trust militaire américain donne sa langue au chat ! Ce n'est pas la déroute sûrement, mais le fait même que les deux ennemis les plus recherchés par les Etats-Unis, Oussama Ben Laden, responsable d'Al-Qaîda, et le mollah Omar, chef suprême des taliban, aient réussi à passer entre les mailles serrées du bouclage du territoire afghan, avait de quoi laisser perplexe. Hier, une fouille systématique des huit grottes de Tora Bora avait été entreprise par les troupes américaines qui essayent de reconstituer le parcours du chef d'Al-Qaîda dont le long séjour à Tora Bora est attesté. Cela n'éclaire cependant pas l'énigmatique disparition de Ben Laden qui n'a pas donné signe de vie depuis sa fuite précipitée de Kandahar bombardée par l'aviation américaine. Il a même été affirmé que le chef d'Al-Qaîda y aurait trouvé la mort. Cela jusqu'à ce que la chaîne arabe d'information en continue Al Jazira donne, en exclusivité, à la mi-décembre, une harangue de Ben Laden, chevelu et cadavérique, mais de toute apparence toujours vivant. Restait à déterminer si la cassette avait été enregistrée avant, ou après les intenses bombardements qui ont fait tomber Kandahar. Les experts demeurent partagés sur la question et l'énigme profonde. Ben Laden court, imité par son ex-protecteur, le mollah Omar, qui a réussi à filer entre les mains des services de sécurité afghans alors qu'ils négociaient sa reddition. C'est sur une moto que le chef suprême des fondamentalistes afghans s'est éclipsé, pourchassé par les Afghans et les Américains. Ce mauvais western «OBL Wanted Death or Alive» vire au vaudeville quand les Américains, dans leur quête, se font tourner en bourrique. Cela devient d'autant préoccupant que Ben Laden, recherché mort ou vivant, fait des émules. Aux States un gamin s'est suicidé en imitant l'attaque des tours jumelles de New York, faisant écraser le biplace Cessna-172, qu'il venait de voler, sur un immeuble de quarante étages à Tampa (Floride). Cet adolescent de quinze ans a laissé une lettre dans laquelle il «exprimait sa sympathie pour Oussama Ben Laden et les événements du 11 septembre» C'est dire l'état d'esprit qui est aujourd'hui celui d'une grande partie de la jeunesse plus portée à admirer les exploits, aussi néfastes soient-ils, de Ben Laden qu'à les condamner. Plus Ben Laden court dans la nature, mettant en échec les forces conjuguées de plusieurs Etats, plus sa légende titille l'imaginaire d'adolescents en mal de vivre. Et le Ben Laden qui court toujours...