Il veut se baser sur le «savoir-faire» d'Al Qaîda pour transformer le Maghreb en poudrière. Aux abois depuis quelques mois, en raison de l'élimination de ses principaux chefs, dont la dernière en date est la mise hors d'état de nuire par les forces de l'ANP de son «mufti », Ahmed Zarabib, alias Cheikh Ahmed Abou Al Baraa, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat est à la recherche d'actions terroristes spectaculaires. L'arrestation il y a quelques jours à Alger d'un Français d'origine marocaine par les services de sécurité, dénote la volonté du Gspc de passer aux actions à fort impact médiatique. D'après des sources sûres, l'élément dont l'identité n'a pas encore été révélée, et qui serait actuellement en détention provisoire à la prison de Serkadji, s'apprêtait à rejoindre le Groupe salafiste pour la prédication et le combat et était venu en Algérie à «l´invitation de l´émir (chef) du Gspc, Abdelmalek Droukdel dit Abou Mossaab Abdelouadoud». Il est soupçonné, notamment d´avoir eu l´intention de rejoindre les maquis de cette organisation pour "fournir" à ses membres une formation aux nouvelles techniques dans les attentats à l´explosif à déclenchement à distance. Une technique utilisée en Irak par les groupes d'Abou Mossaab Al Zarkaoui. L'«invité» du Gspc a d'ailleurs été soupçonné de liens avec le chef de la branche irakienne d´Al Qaîda. Il est utile de rappeler que les contacts entre le Gspc et Al Qaîda ne sont pas nouveaux, puisque lors de l'enlèvement de Azzedine Belkadi et Ali Belaroussi, le Gspc avait pesé lourdement dans la décision d'exécution des deux diplomates algériens. Il convient de rappeler que le Gspc a fait allégeance en septembre 2003 à Al Qaîda d´Oussama Ben Laden dont l´un des représentants, Emad Abdelwahid Ahmed Alwan, alias Abou Mohamed, avait été tué le 12 septembre 2003 dans une embuscade tendue par les forces de sécurité dans la région de Batna (430 km au sud-est d´Alger). Par ailleurs, la présence des éléments d'Al Qaîda au Maghreb n'est pas nouvelle. Le 24 novembre dernier, 17 islamistes ont été arrêtés au Maroc, et d'après les aveux faits à la police antiterroriste par l'un d'eux, ils étaient affiliés au groupe algérien, le Gspc. Leur objectif était de faire du Maghreb une rampe de lancement vers l'Europe. Des journaux marocains ont fait état récemment d' un «projet visant à étendre les activités d'Al Qaîda» dans les autres pays du Maghreb, élaboré depuis la Belgique par l'islamiste algérien Khalid Abou Bassir. Considéré comme un des chefs d'Al Qaîda en Europe, ce dernier en a confié l'exécution à trois adjoints arrêtés à la mi-novembre au Maroc. Il s'agit de deux Belges d'origine marocaine, Mohamed Reha, 18 ans, son oncle Ahmed Zemmouri, 25 ans, et Khalid Azzig, un chômeur de 24 ans, qui a fait un séjour en Syrie et en Turquie comme les deux autres. Reha avoue: «Non seulement, nous préparions des opérations jihadistes au Maroc mais nous travaillions pour élargir le mouvement jihadiste à tous les pays maghrébins avec l'aide de nos frères algériens du Gspc». Son acolyte Ahmed Zemmouri a déclaré à la police qu'il préparait un voyage en Algérie pour établir des «contacts avec le Gspc», «recruter» des éléments et former d'autres jeunes. Son neveu Reha confirme, indiquant que «nos frères du Gspc» devaient «s'occuper de la formation de recrues marocaines» pour le Maroc et l'Algérie. Selon la police, Mohamed Reha a également déclaré, lors de son interrogatoire, que des jeunes étaient en cours de recrutement en vue de les envoyer en Algérie pour «s'entraîner au maniement des armes et à la fabrication d'explosifs» et qu'il s'agissait là d'une «première étape» dans «le projet de jihad au Maroc et dans la région». «Des attaques étaient programmées contre des hôtels particulièrement à Essaouira (sud-ouest) où affluent de nombreux touristes juifs, et à Agadir, ainsi que contre le casino de Tanger et le Parlement à Rabat», selon la même source qui évoque aussi des navires «transportant des Américains». Le chef du FBI, la police fédérale américaine, Robert S. Mueller, est attendu, aujourd'hui à Rabat pour une visite au Maroc axée sur le développement de la coopération entre les services de sécurité des deux pays, a-t-on appris dimanche de source proche du gouvernement marocain. Ce qui témoigne d'un changement de stratégie de la part du Gspc, qui veut se baser sur le «savoir-faire» d'Al Qaîda pour transformer le Maghreb en poudrière.