Dans une atmosphère sobre empreinte d'émotion, des artistes, admirateurs et compagnons de route étaient nombreux à accompagner Mohamed Lamari à sa dernière demeure. Des chanteurs, comédiens et compositeurs qui ont côtoyé Mohamed Lamari, ont tenu à rendre, lundi, un hommage à la mémoire d'un des pionniers de la chanson moderne algérienne. Le chanteur du hawzi, Samir Toumi, regrette la perte d'un «monument de la chanson algérienne au parcours très riche». Sa disparition est une «perte pour la scène musicale» qu'il a animée durant des décennies, a-t-il déploré. Une grosse perte Pour sa part, le chanteur kabyle, Boualem Chaker, regrette la disparition d'un «monument» de la chanson moderne à laquelle il a légué un «répertoire riche». Il garde du défunt le souvenir d'un homme «modeste» qui était un «guide» pour les jeunes artistes de l'époque. Rezig Dreffoune, plus connu sous le nom d'artiste Nouredine Choukas, musicien membre de l'Orchestre de la Télévision algérienne, se rappelle d'un artiste «jovial», «loquace» et «badin» qu'il a eu à accompagner pendant une vingtaine d'années comme guitariste. Yousfi Selouane, auteur-compositeur, qui a fait partie avec Mohamed Lamari dans la chorale de la télévision algérienne (ex-RTA), se souvient d'un artiste, considéré dans les années 70 comme un des chanteurs les plus connus sur la scène musicale en Algérie. « Grand monument » 4 Natif d'Alger en 1940, Mohamed Lamari s'est lancé, dès son jeune âge, dans l'univers de la musique à travers des fêtes familiales et autres occasions privées. Considéré comme le doyen des interprètes de la chanson moderne algérienne, Mohamed Lamari a entamé sa carrière, longue de 65 ans, avant l'indépendance. L'artiste a collaboré avec plusieurs paroliers célèbres à l'image de Mohamed Lahbib Hachlaf, Mustapha Toumi dont il chantera N'djoum et Djazairia, entre autres. Rana Hna, Thawra et Ah ya kalbi, entre autres, marqueront le public des années 60 et 70. Outre son célèbre duo avec Myriam Makeba, en interprétant la chanson Africa, il dédie une chanson à Che Guevara, écrite par Mustapha Toumi le jour même de l'exécution du révolutionnaire argentin par l'armée bolivienne. 150 titres enregistrés Distingué plus d'une fois, le défunt a été décoré, en 2017, par la médaille de l'ordre du Mérite national au rang de “Achir” et s'est vu honoré lors de plusieurs cérémonies dont celle organisée en 2012 au TNA. Adulé et respecté par le public algérien en général et les Algérois en particulier, le défunt Mohamed Lamari était connu pour sa modestie et sa jovialité. Ayant mis fin à sa carrière artistique depuis quelques années déjà, le regretté n'a jamais quitté la scène, enchantant le public par son timbre de voix exceptionnel tout au long de son parcours artistique de 65 ans. Mettant à profit la révolution artistique des années 1960, en séduisant toute une génération, le défunt a aiguisé ses goûts musicaux et arrive vers la fin de sa carrière à enregistrer quelque 150 titres qui viendront enrichir son répertoire.