La procédure visant la destitution du président des Etats-Unis, Donald Trump, en raison de l'affaire ukrainienne, a franchi hier un cap supplémentaire au vu du vote solennel de la chambre des représentants pour sa mise en accusation. Le vote à la chambre des représentants contrôlée par les démocrates (233 sièges contre 197 pour les républicains), est, selon les observateurs, une simple formalité, tant ce sont les démocrates qui étaient à l'origine de l'enquête en question. Avant le vote prévu, la réunion des représentants, était précédée d'un débat de six heures dirigé par le républicain, Mitch McConnell, et la démocrate, Nancy Pelosi, respectivement président du sénat et de la chambre des représentants. Au centre du débat, la discussion des deux chefs d'accusation retenus, le 10 décembre courant par la Commission judiciaire de la chambre des représentants contre Trump, à savoir : «abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès». Selon les analystes, le vote de la chambre des représentants aussi important soit-il dans la suite de la procédure de la destitution, reste insuffisant pour sa mise en application. La domination des républicains au sein de la chambre des sénateurs (53 sièges sur 100) écarte tout scénario de cette nature.L'option de convaincre par les démocrates 20 sénateurs de l'autre camp (républicains) de voter pour l'un des deux articles est exclue de facto, soutient-on, en faisant observer que les lignes partisanes sont fortes, au Sénat comme dans l'opinion publique. Le procès de Trump au sein de la Haute chambre aura lieu au mois de janvier prochain. La procédure de la destitution contre Donald Trump, est la troisième du genre aux Etats-Unis après celles engagées en 1988 contre le président Anrew Johnson et en 1998 contre Bill Clinton. L'affaire ukrainienne ou «donnant donnant» n'est autre qu'une «tentative» de Donald Trump, de convaincre le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, qui venait d'être élu durant l'été dernier, d'enquêter sur un potentiel candidat démocrate à la présidentielle de 2020 aux Etats-Unis, en l'occurrence, Joe Biden, en échange d'une aide militaire estimée à 400 millions de dollars. Ainsi, tout a commencé un 25 juillet 2019 quand M. Trump avait demandé lors d'un entretien téléphonique avec M. Zelensky, d'annoncer une enquête anti-corruption contre le démocrate Joe Biden et son fils Hunter, ex-membre du conseil d'administration d'une entreprise gazière ukrainienne. Ayant eu vent du contenu de la conversation, les démocrates à la Chambre basse ont ouvert, le 24 septembre, une enquête en destitution contre l'ex-magnat de l'immobilier. En guise de riposte, M. Trump a affirmé que ses conversations avec M. Zelensky étaient «parfaites» et martelé que Joe et Hunter Biden sont «corrompus», notamment parce que le fils de l'ancien vice-président démocrate a siégé à la direction de Burisma, un groupe gazier ukrainien un temps soupçonné de pratiques douteuses. En octobre et novembre, la commission d'enquête de la Chambre a entendu une dizaine de témoins lors d'auditions à huis clos, puis publiques. La Maison-Blanche a refusé de collaborer et le chef de cabinet du président, Mick Mulvaney, ainsi que l'ex-conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, ont tous refué de témoigner. Plusieurs témoignages indirects de diplomates ou de responsables de l'administration évoquent des «pressions» de M. Trump sur Kiev. L'ambassadeur américain pour l'Union européenne, Gordon Sondland, a livré le témoignage le plus embarrassant. L'homme d'affaires nommé par M. Trump confirme un «donnant-donnant»: une «invitation» du président Zelensky à la Maison-Blanche contre l'annonce d'ouverture d'enquêtes par l'Ukraine, selon les «ordres» de Donald Trump. Depuis, les élus républicains ont fait bloc derrière Trump, défendant les propos de leur chef de file selon lesquels il n'y a pas eu de «donnant-donnant», puisque l'aide militaire a été versée sans que Kiev annonce des enquêtes. Pour Donald Trump, le vote à la Chambre n'est qu'»une tentative de coup d'Etat illégale et partisane». «Vous êtes incapable d'accepter le verdict des urnes» de 2016, écrit-il encore, en référence à sa victoire électorale qui avait «déjoué la plupart des pronostics».