Plusieurs centaines d'étudiants se sont rassemblés en brandissant des banderoles. L'onde de choc causée par la publication dans plusieurs journaux européens de caricatures attentatoires au Prophète Mohamed (Qsssl), se poursuit. Après la mouche des lycéens mardi dernier à Didouche-Mourad, ce sont les étudiants qui ont organisé mercredi soir une manifestation extraordinaire à l'université de Constantine, à l'appel des organisations estudiantines. Plusieurs centaines d'étudiants se sont rassemblés en brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire «Avec nos âmes et notre sang on se sacrifie pour le Prophète», «Cessez les relations avec les ennemis d'Allah» et, comme cela est devenu une tradition, les drapeaux du Danemark et d'Israël ont été brûlés. La foule a scandé durant un long moment des slogans pour boycotter les marchandises et les produits du Danemark et de la Norvège, et la suspension des relations économiques et diplomatiques avec tous les pays qui ont fait dans la provocation en republiant les caricatures de la honte. Selon les organisateurs: «Cette manifestation est une action par laquelle on lance un appel à notre gouvernement afin qu'il prenne une position claire». Tout en dénonçant la haine et le mépris des Occidentaux, un étudiant, membre de l'Ugel, organisation proche du MSP déclare: «Il faut que les Européens comprennent une chose très importante; que nous aussi on peut faire mal, très mal même et avec diplomatie, sans avoir recours aux insultes.» Il ajoute: «On peut bloquer les vivres, fermer les robinets du gaz et du pétrole.» La politique de rompre toute relation avec les pays concernés semble une doléance partagée par tous les étudiants auxquels se sont joints des enseignants. Les manifestants réclament également au gouvernement algérien le rappel immédiat des ambassadeurs de pays où les caricatures outrageantes ont été publiées et la fermeture des ambassades des pays incriminés. «On peut vivre sans eux», nous déclare une étudiante. Jeudi, le MSP de Boudjerra Soltani avait comme prévu animé un énorme meeting au Centre culturel Al Khalifa, devant une assistance venue en nombre. Celle-ci est essentiellement composée d'étudiants, de représentants et militants des partis politiques toutes tendances. Le meeting qui a cependant brillé par l'absence de son premier chef, a attiré une foule immense. La salle ne pouvait contenir le nombre de personnes dont certaines étaient venues d'autres régions. Les organisateurs nous ont exprimé leur profond regret d'avoir été privés de faire une marche. Le «coup» d'occuper la rue n'a pas fonctionné, même si on sait que Constantine est un terrain islamique acquis. Néanmoins, un important et remarquable dispositif sécuritaire avait été mis en place de crainte que la foule immense n'investisse la rue. Les intervenants étaient fort nombreux. Ils ont à l'unanimité appelé à la rupture des relations avec les pays ayant osé porter atteinte au Prophète. L'un des intervenants, militant du MSP, a tenu à attirer l'attention des présents sur les déclarations perfides d'un ministre italien Roberto Calderoli. Ce dernier affiche une volonté avérée de vouloir ajouter de l'huile sur le feu et inciter carrément à la guerre entre le monde musulman et l'Europe. «Par sa haine et son racisme, ce ministre illustre aggrave davantage la situation», aura déclaré le conférencier. Le chef des Scouts algériens au niveau de la wilaya de Constantine a tenu, lui aussi, à exprimer par la voix des Scouts: «Cette incitation à la guerre, nous sommes en mesure de la conduire. Nous pouvons la mener et gagner.» L'orateur a proposé une quinzaine d'idées pour mettre un terme aux provocations du monde occidental. Pour sa part, le premier responsable du parti Boudjerra a, tout en exprimant son indignation, fait référence à la vie misérable que menaient les Européens au Moyen Age. «Ils étaient tellement ignorants qu'ils ne savaient même pas quoi faire pour se débarrasser de leur «crasse». Les musulmans qu'ils insultent aujourd'hui leur ont, en effet, appris comment user de l'eau.» Au terme de son intervention, vivement approuvée par le public, il confie qu'une commission pour la défense de la nation est sur le point d'être installée. Elle aura pour mission essentielle de corriger l'image de l'islam, agressé par les anti-musulmans et lui redonner la place qu'il mérite si parfaitement et mettre un terme aux clichés nuisibles que tentent de lui coller certains. Un militant de cette formation nous a interpellés pour dire son mot: «Plus démocrate que l'islam, il n'y a pas. Le Coran dit : lakoum dinoukoum oua liya dini (chacun a sa religion) et puis, il n'y a pas une religion plus libre et plus tolérante que l'islam.» Le respect et la liberté d'expression que veulent inculquer les Européens, sont loin d'être leurs principes, car, nous déclare une étudiante présente au meeting: «La liberté d'expression ne doit jamais heurter la liberté de conviction que chacun de nous est censé respecter...».