Alors que les fonctionnaires des services de l'Administration sur le territoire national souffrent grandement de la mal-vie générale, les membres des services diplomatiques proprement dit, aux affaires étrangères entre autres, prétendent occuper des postes avec des responsabilités appelées «postes de défense des intérêts». Faisant face à une concurrence qui s'arroge une fonction bien convoitée, et même à des personnes hors de cette filière. Les postes politiques par exemple pour les ministres et hauts fonctionnaires. Sans parler de ceux qui s'enferment dans leurs bureaux du matin au soir sirotant leur café et vantent leur poste au téléphone dont la facture est à la charge de l'Etat et le soir venu, rentrent au Club des pins encadrés de flics et sirènes hurlantes… ? Ce genre d'attitude ne devrait plus exister. N'est-il pas paradoxal que certaines têtes, bien ou mal faites, dans les cabinets ministériels et les administrations, prônant et mettant en œuvre la flexibilité, sont elles-mêmes soumises au régime le plus protecteur, de la haute fonction publique ? Conseillers d'Etat, magistrats, ministres ou ambassadeurs peuvent à discrétion partir pantoufler dans la haute administration puis retrouver tranquillement leur « corps d'origine », qui se doit de les réintégrer selon leur grade avec la rémunération afférente. N'est-ce pas une assurance-chômage en or ? Ceux qui vous enjoignent de prendre des risques peuvent partir monter une start-up et, si l'expérience tourne court, retourner à leur siège. Une expérience de l'opprobre social d'abord bien qu'injuste, mais que beaucoup envient. Comment briser cette rente difficile à soutenir pour le Trésor et le peuple algérien qui alimente une certaine torpeur intellectuelle chez ces bénéficiaires ? Les grands corps n'ont pas de définition juridique particulière. Ils suivent les règles classiques de la fonction publique, avec ses modalités complexes de « disponibilité » et ses généreux délais. « Inadaptée à notre idéologie telle que normalement on devrait la voir», et de l'iniquité qu'elle génère dans le rapport à l'emploi. Peut-on demander au nouveau gouvernement, de libérer ce marché du travail, et d'ouvrir ce chantier? La logique voudrait que oui. Comment exiger des efforts des plus faibles tout en continuant à protéger les plus puissants ? C'est ainsi que s'est constituée, sous couvert de continuité du service public, une aristocratie d'Etat aux privilèges exorbitants que l'Algérie et le peuple ne supportent que difficilement. Les grands corps sont, certes, censés représenter le meilleur de la sélection par le mérite, mais il faut avouer que chez nous ce n'est pas toujours le cas. La caractéristique essentielle d'une aristocratie, c'est de se définir par son être plus que par son faire. Une fois passés les bons concours, on est à vie l'équivalent de ce qu'étaient autrefois les comtes, ducs et barons. C'est souvent ainsi que l'on se présente en société : « Bonjour M. le ministre X- ou M. l'ambassadeur Y.» On peut même voir certains responsables à l'étranger en particulier et en Algérie s'abaisser au titre de parvenu sans grande efficacité, occuper des postes stratégiques, mais qui ne gèrent rien hélas. En attendant de libérer le pays des lourds fardeaux de cette injustice, je suggère que les grands corps montrent l'exemple en décrétant leur dissolution pure et simple. De supprimer beaucoup de ces privilèges qui ne font qu'éloigner l'administrateur de l'administré et permettre l'approche sociale à une meilleure écoute des citoyens, pour avoir vécu près de vingt ans d'hystérie, de vol et de mensonges. Je mesure ce que cette hypothèse a d'utopique. Mais les temps changent, toujours. Pensez-y Messieurs de la politique.