La crise du lait en sachets touche de plein fouet la wilaya de Béjaïa, dont les besoins quotidiens en la matière s'établissent à 247 000 litres par jour. Des besoins qui sont loin d'être satisfaits, confirme un responsable de la DCP, qui parle d'un déficit de 30 000 litres par jour. La wilaya de Béjaïa dispose de cinq laiteries en activité qui produisent quelque 217 000 sachets de lait par jour, soit un déficit de 300 000 sachets pour couvrir les besoins de la population de toute la wilaya. C'est ce qui ressort, toutefois, des dernières statistiques de la direction du commerce, mettant en évidence la crise aiguë ressentie en matière d'approvisionnement de lait en sachet. Même le chef-lieu de wilaya n'est pas épargné et les commerces sont pris d'assaut, lorsque le camion frigo effectue sa livraison. Certaines communes ne sont même pas alimentées. Les distributeurs, dont la marge bénéficiaire est faible, ne jugent pas utile d'approvisionner ces localités rurales. De ce fait, les localités rurales sont carrément zappées par les livreurs de lait, par manque de rentabilité. La distribution du sachet de lait subventionné est un créneau sur lequel doivent se pencher en urgence les services de la direction du commerce de la wilaya, en sévissant à l'encontre des contrevenants. Le lait en sachet ne fait pas seulement défaut, il fait l'objet d'une spéculation préjudiciable au consommateur. On relève par-ci, par là la vente concomitante. Le nombre de sachets attribués, demeure en deçà des besoins réels des citoyens. Même les mesures adoptées interdisant aux cafetiers de s'approvisionner en lait en sachet, ne sont pas respectées et il faut dire que ce sont les propriétaires de ces cafés qui accaparent la part du lion auprès des commerçants. Pour les autres, il faudra débourser une somme supplémentaire pour avoir quatre sachets de lait subventionné plus un sachet de lait de vache, qui coûte 80 DA. Cette vente concomitante est quasi omniprésente à travers toutes les échoppes de la wilaya de Béjaïa et il est impossible au client d'y échapper. Au lieu d'avoir quatre sachets de lait à 100 DA, le consommateur doit débourser presque le double avec le sachet de lait de vache, qui lui est imposé par le commerçant. Pour ce dernier, l'obligation d'acheter le lait de vache est une répercussion des pratiques des laiteries elles-mêmes. Les affres de la crise du lait, qui contraignaient les citoyens à se lever aux aurores pour assurer à leur foyer la disponibilité de ce produit essentiel, voici venu sur le marché, et à travers le territoire de la wilaya, le temps de la vente au marché noir du sachet de lait subventionné par l'Etat. C'est là le triste constat de l'impact de la dernière crise. De ce fait, le consommateur algérien est encore une fois pris en otage, entre la pénurie de ce produit, engendrée par l'incapacité des pouvoirs publics à maîtriser la distribution et la commercialisation d'un produit de première nécessité, d'une part. Et d'autre part, le chantage des producteurs et par ricochet des commerçants, se répercute en toute impunité sur le consommateur.