La formation kabyle et son hôte algérois auront vécu jeudi une fin d'après-midi cauchemardesque. Ainsi, la galerie kabyle qu'on savait exigeante, ingrate et violente a franchi le Rubicon jeudi. Aux insultes et «broncas» habituelles, et banalisées par la triste réalité du football national, a succédé une pluie de projectiles en direction du terrain et dont les cibles étaient les deux équipes et leurs cadres. Le vent de folie qui a soufflé sur Tizi Ouzou ce jeudi noir n'a épargné personne. Tout cela parce que la JSK, décimée par une cascade d'absences et trahie par le manquant de volonté des joueurs présents s'est montrée incapable de battre un Mouloudia accrocheur à souhait, dans un derby qu'on savait dès le début à haut risque. Résultats: plusieurs joueurs du MCA blessés et un coach (Mouassa) traîné dans la boue et humilié au plus profond de lui-même et qui n'a dû son salut qu'à l'intervention du service d'ordre. L'accès aux vestiaires était quasiment impossible. Les joueurs du MCA sont restés près de vingt minutes sur le terrain, affolés et exposés comme une proie facile à la colère du public. Les brigades antiémeutes prises au dépourvu par la tournure dramatique que prenaient les choses ont usé de bombes lacrymogènes pour évacuer les tribunes. Le cauchemar reprenait et Tizi Ouzou qu'on savait ville « franche » et cité sans foi ni loi depuis des mois déjà a démontré, à travers ces scènes, des bribes de l'exécrable situation dans laquelle est prise en otage résignée toute la Kabylie. Pour revenir au jeu, il faut dire que celui-ci n'a pas volé très haut. Crispées par l'enjeu et le cachet derby des débats, les deux formations ont laissé le «public» sur sa faim. Bezzaz, sans appuis et esseulé en attaque, butait, dans chacune de ses entreprises, sur la muraille formée par la paire Akriche-Bouacida. Même l'entre-jeu kabyle s'est montré fébrile avec toutes les absences recensées. Pour sa part, le doyen s'est contenté de défendre sa zone et de faire preuve de témérité en contre par l'intermédiaire du tandem Bouras-Dob. Déjà la partie hachée par les coups de sifflet intempestifs du directeur de jeu, Djaballah, a failli être arrêtée à la pause-citron. Les quelques «Chnaouas», qui se sont aventurés à Tizi Ouzou ont envahi le terrain pour se protéger des coups de pierres qui fusaient depuis l'hôpital (sic !). Finalement, les appels au calme ont été entendus et les supporters algérois ont été évacués vers la sortie sous l'escorte des stadiers. Une demi-heure après, le derby reprenait. Attaquant inlassablement, les Kabyles n'ont toutefois pas pu tromper la vigilance de l'irréprochable Bellouti. La tension était déjà à son paroxysme et sur le terrain et dans les gradins. Jouant «sa tête». Mouassa lançait dans le bain les jeunes Meftah et Hamlaoui. Des changements qui ne modifieront guère la physionomie de la partie. Et à quelques minutes de la fin, les champions d'Afrique perdront le fougueux Driouèche expulsé par Djaballah. Ce qui ne manquera pas de jeter de l'huile sur le feu. La suite, on la connaît...