Ce mixage politique n'a jamais développé une vision qui va au-delà du mandat présidentiel. Bientôt, trois ans se seront écoulés depuis que le FLN, le RND et le MSP ont décidé de s'agglomérer autour du programme du président de la République sous l'appellation d'«Alliance présidentielle». Des membres de cette alliance tiennent depuis quelques jours, au moins une réunion par semaine. But «avoué» de ces rencontres secrètes: faire le bilan de ce conglomérat depuis sa création à ce jour. Le bilan examinera «les réalisations» de l'alliance au plan politique, gouvernemental et au niveau des assemblées. «C'est une proposition du président en exercice de l'Alliance, Boudjerra Soltani, également président du MSP» rapportent des sources proches du parti islamiste. «Une fois terminé, le bilan sera remis au RND qui reprendra la présidence de l'Alliance dans quelques semaines» précisent les mêmes sources. Aussi insignifiant qu'il puisse paraître, le fait mérite d'être observé à la loupe. C'est parce que les trois partis de l'Alliance sont un prolongement logique des différentes composantes du sérail. Aussi, n'est-il pas légitime de se demander si cette halte qui rime avec la fin d'une époque ne traduit-elle pas un déséquilibre dans les rapports de forces. Pourtant, l'avenir semble radieux pour l'Alliance. A l'horizon se profile déjà l'élection présidentielle de 2009 avec la perspective d'un troisième mandat de sept ans pour M.Bouteflika, après révision de la Constitution. Avec un pareil capital pour les trois partis, il fallait s'attendre à la réédition du passage «déposé» qui sanctionne les communiqués de ce conglomérat: «nous soutenons...la démarche du président de la République et appuyons toutes les mesures qu'il prendra» Rien n'y fit. Pourquoi donc ces partis ont-ils décidé de s'arrêter en si bon chemin? D'abord, «faire un bilan» signifie une halte, marquer un arrêt après avoir parcouru une étape avant de passer à une autre étape. C'est-à-dire marquer la fin d'une époque. D'apparence, rien ne justifie un bilan pour une entité qui se réunit chaque trois mois et qui a à peine, trois années d'âge. Mais les arcanes du sérail sont impénétrables. Si bien que cette halte donne l'avant-goût d'une course, d'une précipitation. Comme si tout le monde se préparait dans l'inquiétude. A quoi? Certainement à la transition précipitée et accélérée qui succédera à une révision constitutionnelle, aux élections législatives et aux élections locales. C'est tenter de défendre l'indéfendable que de dire que l'apport de l'Alliance présidentielle est très positif pour la scène politique nationale. Premier constat d'échec, c'est que ce mixage politique n'a jamais pu développer une vision qui va au-delà du mandat présidentiel. Le second constat est que cette alliance est restée à l'échelle des états-majors des trois partis. «Nous excluons absolument l'éventualité d'aller vers des listes communes lors de prochaines élections locales et législatives» anticipe déjà le porte-parole du FLN, Saïd Bouhedja. L'alliance n'a jamais concerné la base. Le test des élections partielles en Kabylie et du renouvellement des sénateurs a montré la limite des cette alliance. On se rappelle de «l'Alliance nous a trahis» lancé par le secrétaire général de l'instance exécutive du FLN, Abdelaziz Belkhadem, au lendemain du renouvellement des sénateurs en Kabylie. Voilà qui résume a quoi ressemble l'homogénéité d'une entité qui devait soutenir un programme présidentiel estimé à quelque 100 milliards de dollars. C'est le bilan politique. Le bilan gouvernemental, il n'y a qu'à voir la réaction des députés de cette Alliance par rapport à la loi sur les hydrocarbures. Ils votent une chose et son contraire en l'espace d'une année. Au plan gouvernemental, c'est une autre histoire. Avec les remontrances répétées du président contre l'Exécutif et les larges prérogatives accordées aux walis, il faut dire que les limites de l'Alliance, à ce niveau, sont béantes. Quel bilan faire alors des trois années de cette entité? Très peu de choses sinon une littérature journalistique luxuriante.