Si à titre individuel ces partis peuvent jouer le rôle de soupape pour la société, il n'est pas évident qu'ils puissent le faire en tant qu'alliance. Souvent, l'Alliance présidentielle n'a rien à dire mais elle le dit très bien. Dans un désert politique ennuyeux, les trois partis semblent se partager les rôles pour animer la galerie. Depuis le week-end dernier, une nouvelle polémique a pris entre le RND et le MSP. Il y a quelques semaines, le torchant brûlait entre Ouyahia et Belkhadem. Les répliques de Belkhadem n'ont pas ménagé le chef du gouvernement. Il a considéré que la déclaration d'Ouyahia, sur le niet de la revendication salariale, n'engage pas le gouvernement. Sans répit, une autre pointure du RND, Chihab Seddik, qualifie le FLN de «parti archaïque ayant une vision rentière». Le feuilleton a pris. Interrogés à propos des déclarations de M.Chihab, les responsables du FLN ont commenté les propos du responsable du RND. Le porte-parole du vieux parti, Saïd Bouhedja, ne met pas de gants de même que Abdelhamid Si Affif, membre de la direction du FLN. Bouhedja estime que «les propos d'Ouyahia confirment le fossé qui sépare le RND de la société». Auparavant, c'était entre le FLN et le MSP au sujet des amendements au code de la famille et des réformes de l'école... et la politique continue. Le jeu en vaut la chandelle puisqu'il s'agit de refléter l'image d'une animation politique dans le pays. L'enjeu est encore plus intéressant- pour ces partis - puisqu'il concerne les prochaines échéances électorales. A ce niveau, «les dribbles» et même les casses sont permis. Les dernières déclarations du secrétaire général du RND a fait sortir de sa torpeur ce conglomérat «regroupé autour du programme du président de la République». Le MSP crie au scandale et demande la tenue d'une réunion extraordinaire de l'Alliance stratégique. «(... ) Il faut que les trois partis concernés se réunissent autour de la même table, afin de discuter d'une manière franche et claire sur l'avenir de l'Alliance», a déclaré visiblement outré Abderrezak Mokri, vice- président du parti de Boudjerra Soltani. Ce n'est pas la première fois qu'on annonce la fissure de l'alliance, laquelle s'est fixée comme projet de concrétiser le programme du chef de l'Etat. Mais la réalité sociale est tout autre. Il faut convenir que les «luttes intestines du trio» ne branchent pas tellement la société. Ce sont les augmentations des salaires, le chômage, les projets de logements bloqués et les prix du sucre, des fruits et légumes qui flambent qui font aujourd'hui l'actualité dans la rue. Si, à titre individuel ces partis peuvent jouer le rôle de soupape pour déjouer une grogne sociale, il est très peu probable qu'ils puissent le faire en tant qu'Alliance. Avec tous les mouvements de grève qu'a connus et que connaît encore la société, jamais cette alliance en tant que telle, n'est intervenue pour calmer les esprits. Ce n'est pas uniquement pour des raisons de stratégie politique que cette alliance, qui n'a pas pu confectionner de listes communes lors des partielles en Kabylie, ne pourra pas en confectionner lors des législatives de 2007. Il faut dire qu'il y a des divergences qui n'ont rien à voir avec les critiques adressées au gouvernement par le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, et le président du MSP, Boudjerra Soltani. Il est à se demander si ce n'est pas seulement des questions de rente qui allie ces partis. Les dirigeants des trois partis rappellent à chaque occasion le principe de l'autonomie de chaque formation. Cependant, ils reconnaissent l'existence de divergences «de points de vue». La question de l'augmentation des salaires, les élections partielles en Kabylie, la révision de la Constitution, ont dévoilé au grand jour les dissensions et les divergences. Ce faisant, le conglomérat demeure. Question: qu'adviendra-t-il du programme du président de la République sans cette alliance? Va-t-il se réaliser avec le même rythme que l'actuel, plus rapide ou moins? Il serait intéressant de connaître le poids exact de cette alliance dans le rythme de l'exécution du programme qui vaut des dizaines de milliards de dollars.