Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) tient aujourd'hui une conférence politique pour faire le bilan de l'année écoulée et appréhender 2006 par les réajustements nécessaires. Le MSP ne s'est jamais senti aussi marginalisé. La création de « l'alliance présidentielle » qui devait le mettre en selle aux côtés de ses partenaires n'a pas donné les résultats escomptés. Bien au contraire, le MSP new look s'est retrouvé coincé entre deux tentatives de domination, entre un RND fatigué par les résultats des suffrages qui ne veulent pas remonter, et un FLN plus que jamais confiant et disposé à jouir de sa popularité grandissante. La création de l'alliance est intervenue dans une conjoncture marquée par un retour d'Ouyahia au gouvernement, des tensions dans les rangs du FLN et la disparition du charismatique Mahfoud Nahnah autour duquel s'est bâti le parti qui aspirait à prendre une place incontournable sur l'échiquier politique national. Cette conjoncture a permis au FLN de Belkhadem de gagner du temps et à Ouyahia de réfléchir sur le nouvel élan à donner au parti en perte de vitesse et enfin à Abou Djerra à reprendre son souffle en cherchant à se replacer confortablement entre les deux. Les trois ont joué au trapèze pendant la présidentielle de 2004 qui était facile puisqu'il n'y avait pas d'enjeux susceptibles de créer la concurrence. Les divergences entre le FLN et le RND ne sont apparues que lors de la campagne de sensibilisation pour le référendum du 29 septembre. Belkhadem et Ouyahia ont nettement exprimé leurs contradictions à propos de tout. Le discours du premier était similaire à celui du président Bouteflika pendant que le second puisait dans des sources inconnues. Ouyahia avait la primeur d'annoncer des scoops allant à contre-courant de ce qui était attendu même s'il se disait fondamentalement acquis aux thèses réconciliatrices. Le MSP, par contre, s'est retrouvé hors champ puisqu'il ne pouvait se ranger ni sur les positions de l'un ni sur celles de l'autre. Il a prêché le discours réconciliateur aseptisé. Son président a été récompensé lors du remaniement partiel par un poste de ministre sans portefeuille. Cette promotion a provoqué le courroux chez certains militants du parti qui n'ont pas apprécié la nomination puisqu'ils n'ont pas été consultés. Mais la discipline partisane a dissipé ces malentendus toutefois éphémères. Quel bilan pourrait faire le MSP? Et quelles seraient les prospections pour l'année 2006? Selon Abdelmadjid Menasra, le parti va revoir «les grandes étapes» de l'année finissante, y compris le bilan de «l'alliance présidentielle». L'accent sera mis sur la réconciliation nationale et les réformes en cours. Le MSP aura à apostropher les autorités sur les lois ou décrets qui tardent à voir le jour. Il fera également son propre bilan qui n'était pas très reluisant. Rappelons que le MSP ne s'est pas encore prononcé sur le projet de révision constitutionnelle ni sur les amendements des lois organiques relatives aux élections ou aux partis politiques, lesquels amendements constituent la priorité chez le FLN et irritent au plus haut degré le RND. On s'attend à ce que le MSP tranche aujourd'hui sur les questions en suspens et dévoile sa stratégie. Car il ne peut rester éternellement assis entre deux chaises.