Israël a décidé de punir le peuple palestinien en prenant des sanctions qui l'étranglent économiquement. En proclamant, hier, de facto l'Autorité palestinienne, dirigée par le Hamas, Autorité «terroriste» l'Etat hébreu vient de franchir un nouveau pas dans l'escalade et l'intolérance, par une décision qui revient à punir collectivement un peuple pour avoir choisi souverainement le parti politique appelé à diriger les territoires palestiniens qui, semble-t-on l'oublier, sont toujours occupés par Israël depuis le 6 juin 1967. Israël et l'Occident ne paraissent pas réaliser qu'ils ont en face d'eux un peuple qui lutte, avec l'énergie du désespoir, pour son droit à ériger un Etat indépendant. Si l'Etat hébreu a le droit à l'existence et à la sécurité, il est patent que le peuple palestinien a ce même droit à l'existence et de vivre indépendant et en sécurité, ce que Israël lui a toujours dénié. De fait, agressifs, les dirigeants israéliens n'ont même pas attendu de voir ce que sera effectivement le pouvoir palestinien drivé par Hamas en brandissant, dès jeudi, l'arme économique menaçant de couper les vivres aux territoires palestiniens et de réduire les Palestiniens au «régime sec». Menace mise à exécution, hier, par la décision du cabinet israélien de proclamer l'Autorité palestinienne, Autorité «terroriste» d'une part, par la série de décisions, à caractère économique, prises dans l'optique évidente d'asphyxier le peuple palestinien d'autre part. La menace israélienne intervenait (jeudi) au moment où le président russe, Vladimir Poutine, invitait le Hamas à venir à Moscou discuter des perspectives futures des territoires palestiniens. Or, Israël a privilégié la force et l'oukase plutôt que le dialogue et la négociation dans le développement de la situation induite par la victoire électorale du Hamas. Ainsi, de nouveau, l'Etat hébreu impose, et veut imposer son diktat au peuple palestinien, soumis au joug de l'occupation depuis quarante ans. De fait, sans attendre de connaître les mesures que prendra le nouveau gouvernement palestinien dirigé par le Hamas, Israël a pris les devants en coupant les passerelles avec les (nouvelles) autorités politiques palestiniennes, par la décision à tout le moins absurde -si tant est qu'Israël veut réellement la paix avec les Palestiniens (quelle que soit leur couleur politique)- de punir le peuple palestinien. En réalité le seul objectif de l'Etat juif est d'imposer son diktat aux Palestiniens de quelque obédience qu'ils soient. Car le prétexte du «terrorisme» de Hamas est à tout le moins spécieux quand nombre de dirigeants israéliens, encore au pouvoir aujourd'hui, sont eux-mêmes d'anciens terroristes de l'Irgoun et de Stern, groupes terroristes de sinistre réputation. Dans sa déclaration lors de la réunion de son gouvernement, le Premier ministre israélien par intérim, Ehud Olmert, a affirmé: «Il est clair qu'avec une majorité du Hamas au Parlement palestinien et la formation d'un gouvernement avec une direction du Hamas, l'Autorité palestinienne devient de facto une Autorité terroriste (... ) Israël ne nouera aucun contact avec un pouvoir dont le Hamas est partie prenante.» De fait, le gouvernement israélien a approuvé hier, une série de sanctions contre l'Autorité palestinienne qui ont effet immédiat comme l'indiquait Ehud Olmert qui a déclaré: «Comme nous l'avons annoncé après la fin de la période du gouvernement de transition, Israël cesse immédiatement de transférer des fonds à l'Autorité palestinienne.» Il s'agit notamment de la suspension du transfert de fonds représentant chaque mois quelque 50 millions de dollars correspondant au remboursement par Israël des droits de douane et de TVA prélevés sur les produits à destination de Ghaza et de la Cisjordanie. Ces capitaux représentent environ 30% du budget de l'Autorité palestinienne. Parallèlement à ces mesures draconiennes, le gouvernement israélien a lancé hier un appel à la communauté internationale l'invitant à cesser «immédiatement» son aide à l'Autorité palestinienne. Israël, qui n'a rien fait ces dernières années pour donner des raisons à la résistance palestinienne de désarmer, portant les représailles contre le peuple palestiniens à leur plus haut niveau, qui a morcelé abusivement les territoires palestiniens, rendant peu fiable l'existence d'un Etat stable dans les territoires palestiniens, qui a bloqué toute initiative allant dans le sens de la restauration de la paix au Proche-Orient, exige en revanche sans aucune contrepartie de sa part que le Hamas, comme hier le Fatah, reconnaisse son existence en tant qu'Etat juif. De fait, le diktat israélien reste l'obstacle primordial à la mise en oeuvre du processus de paix au Proche-Orient.