Le Hamas a dénoncé hier « la partialité » du président américain George W. Bush en faveur d'Israël après qu'il l'eut appelé à renoncer à la lutte armée et à reconnaître Israël. « Il s'agit de la même vieille position américaine qui révèle le degré de partialité en faveur d'Israël et du chantage exercé contre le peuple palestinien », a déclaré le porte-parole du Hamas Moushir Al Masri. « C'est une position préjudiciable au peuple palestinien. L'Amérique et la communauté internationale doivent adopter une approche plus équitable envers la cause palestinienne et ne pas punir le peuple palestinien en raison de ses choix démocratiques », a-t-il ajouté. Il a affirmé que le Hamas était prêt « à traiter avec toutes les parties internationales sans conditions préalables, car de telles conditions entraveraient tout progrès ». A l'inverse, Israël s'est félicité des déclarations du président Bush. « Le peuple palestinien a voté, maintenant les dirigeants du Hamas doivent reconnaître Israël, désarmer, rejeter le terrorisme et travailler pour une paix durable », a déclaré M. Bush mardi lors de son discours annuel sur l'état de l'Union. Tous ces propos ainsi que les décisions la veille à Londres du Quartette qui aurait dû, lui, adopter une position plus équilibrée, renforcent les Palestiniens dans leur conviction que quelle que soit la nature politique de leurs gouvernants, qu'ils soient élus démocratiquement ou issus d'une certaine légalité révolutionnaire, le monde entier, surtout les pays qui pèsent sur la scène internationale, dirigent toujours leurs pressions contre eux. Cette même communauté internationale, qui n'arrête pas un instant ses appels pour la démocratisation des sociétés à travers la planète et surtout au Moyen-Orient, refuse les résultats du processus démocratique au cas où la politique des vainqueurs ne lui convient pas. Ils ont décidé de faire payer chèrement son choix au peuple palestinien dont la volonté a été de porter le parti islamiste Hamas au pouvoir, après plus de 10 ans de règne du mouvement Fatah sur L'Autorité palestinienne. Les Palestiniens des territoires occupés ont pourtant réussi l'examen très difficile d'organiser des élections propres et démocratiques. Sachant très bien que ces derniers, dont plus de 75% vivent sous le seuil de la pauvreté, ne peuvent survivre sans l'aide des pays occidentaux, ce même Occident menace de leur couper tout soutien financier au cas où la nouvelle majorité ne change pas sa charte qui ne reconnaît pas l'Etat d'Israël et appelle à la libération de la Palestine historique, par le biais de la lutte armée. Les Palestiniens ont pourtant été dirigés pendant plus de 10 ans par un mouvement nationaliste mené par le défunt Yasser Arafat, pragmatique, flexible, conciliant, qui appelait à satisfaire les revendications minimales acceptables par les Palestiniens, à savoir la création d'un Etat indépendant sur les territoires occupés en 1967, qui ne représentent dans leur totalité que près de 22% de la Palestine historique avec la ville sainte d'El Qods comme capitale et un règlement juste de la question des réfugiés. Quelle a été la position de l'Occident durant cette décennie où Israël a fait échouer toutes les tentatives d'un règlement pacifique ? Il a toujours été aux côtés de l'agresseur, exigeant des Palestiniens de plus en plus de concessions. Cet Occident libéral et démocratique mène, en fait, une politique de deux poids, deux mesures criante, passant sous silence tous les crimes de l'Etat hébreu, pour lequel il trouve toujours des justifications et de la compréhension, si ce n'est de la compassion, alors qu'il s'oppose avec vigueur en dénonçant vigoureusement toute réaction de la part des opprimés vivant sous l'une des occupations les plus sanguinaires. Les Palestiniens rappellent comment le monde entier a assisté les bras croisés, pendant plus de deux ans, à l'isolement et à l'état de siège d'un président élu démocratiquement par son peuple et puis son assassinat comme ce fut le cas avec Yasser Arafat dans ses bureaux de la Mouqataa à Ramallah, pourtant c'est le même homme qui a opté pour une paix négociée avec Israël. C'est lui-même qui a convaincu l'olp de changer sa charte en présence du président américain Bill Clinton lors d'une réunion du Conseil national palestinien à Ghaza, reconnaissant de ce fait l'etat d'israël. Mais décidément, les Palestiniens, qui n'ont pas la mémoire courte, assistent au même scénario, et c'est ce qui suscite leur colère, parce qu'ils sont conscients qu'au-delà de leurs divergences, ils font face au même problème, celui de la négation de leurs droits nationaux. Hamas, pensent-ils encore, n'est qu'un prétexte pour s'opposer encore à la satisfaction de cette revendication. De quoi alors alimenter le désespoir et l'intransigeance. Hamas a bien sûr refusé de se soumettre à ces exigences injustes, surtout que le processus de paix paralysé depuis longtemps déjà, a laissé place à une politique israélienne unilatérale, avec le retrait unilatéral de la bande de Ghaza, la construction du mur de séparation en Cisjordanie occupée, annexant de facto une large partie de ce territoire, et finalement la délimitation unilatérale des frontières de l'Etat hébreu, qui semble pointer à l'horizon.