La forme juridique choisie atteste d'une volonté d'aller vite dans la résorption effective de la tragédie nationale. Les textes d'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale seront connus aujourd'hui, à l'occasion d'un Conseil de gouvernement entièrement consacré au dossier. Des sources gouvernementales ont révélé à L'Expression que l'Exécutif aura à débattre de 5 documents. Le premier sera une ordonnance présidentielle qui aura donc force de loi et les quatre autres constitueront des décrets présidentiels. Ces textes que l'ensemble de la classe politique et de l'opinion nationale attendent, porteront, apprend-on de sources dignes de foi, sur des questions tant matérielles que politiques, comme l'indemnisation des disparus, le statut des repentis et l'avenir du mouvement islamiste radical. L'on annonce de grands changements dans les mois à venir. Et pour cause, le gouvernement qui veut rattraper le temps perdu dans la mise en oeuvre de la réconciliation nationale, veut passer à une vitesse supérieure pour en assurer l'application dans les plus brefs délais. D'ailleurs, la forme juridique choisie atteste d'une volonté d'aller vite dans la résorption effective de la tragédie nationale. L'unanimité populaire faite autour de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, lors du référendum du 29 septembre 2005, consacre, de fait, la démarche présidentielle et donne au chef de l'Etat les pleins pouvoirs pour achever son processus de réconciliation. Le dernier article de la Charte préconise de mandater le chef de l'Etat pour passer aux actes, au plus vite. Aussi, le recours aux décrets présidentiels permet une applicabilité immédiate des décisions inspirées de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. La seule ordonnance prévue dans cette batterie de textes sera votée par les deux chambres du Parlement, sans débat. Ce qui raccourcit considérablement le temps de son entrée en vigueur. La promulgation de ces textes est destinée à régler des dossiers épineux de la «décennie rouge», et ce, afin de tourner définitivement la page de la tragédie. En initiant ce processus, le président de la République avait comme souci de rétablir la situation sur le plan sécuritaire, social et politique. Le retour de la paix dans le pays constitue pour l'heure l'une des priorités capitales, aux yeux du président, avant de passer au règlement des situations conflictuelles vécues par des dizaines de milliers de familles algériennes, conséquence directe de la crise qu'a vécue le pays durant la décennie 90. Au plan politique, le président de la République s'est montré intransigeant, lors de sa campagne électorale, en précisant clairement que les repentis ont le droit à la vie sans plus. Ces derniers seront interdits d'exercice de toute activité politique. Chose qui n'arrange évidemment pas les dirigeants de l'ancien parti dissous. Le chef de file de l'ex-FIS, en l'occurrence Abassi Madani, le dirigeant de l'ex-AIS, Madani Mezrag, soutiennent le projet de réconciliation, mais souhaitent un retour de la mouvance islamiste radicale. L'interdiction de l'exercice politique aux ex-dirigeants islamistes sera t-elle appuyée par une loi? La réponse sera connue bientôt avec la promulgation des textes. Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que le retard accusé dans la promulgation des textes de loi a suscité une vive polémique durant ces derniers mois. Certains sont même allés jusqu'à évoquer un désaccord au sein du pouvoir au sujet de l'élaboration des textes de la charte. S'expliquant sur ce point lors de son passage récemment à l'émission «Tahaoulet», M.Farouk Ksentini a justifié ce retard par le fait que les textes sont très délicats, et leur rédaction pourrait sérieusement poser des difficultés. Ce qui impose, a-t-il souligné, une attention soutenue. La délicatesse de ces textes se trouve, argumente-t-il, dans le fait qu'il y a des traitements au cas par cas de plusieurs dossiers concernant les repentis, les disparus et les familles victimes. «Les cas de figure des terroristes, qui se sont rendus, ne sont pas semblables. Certains cas sont très compliqués, ce qui fait qu'il est extrêmement difficile de faire la part des choses», a-t-il développé. Le président de la commission ad hoc a remis, en mars dernier, un rapport détaillé sur les disparus au président Bouteflika. M.Ksentini reste convaincu qu'en ce qui concerne les disparus, le texte de loi définira le mode de l'indemnisation des familles, le montant de ces indemnités et les personnes qui y sont éligibles. Selon lui, 77% des 5000 familles de disparus ont accepté d'être indemnisées. Enfin, alors que les textes sont fin prêts, des redditions en masse s'annoncent déjà. Selon un confrère, 500 terroristes s'apprêtent à se rendre dans les jours à venir. Enfin, les mêmes sources annoncent une réunion du Conseil des ministres dans un délai très court, pour entériner les projets d'ordonnance et de décrets qu'endossera aujourd'hui le Conseil de gouvernement.