Tout en prenant leurs distances avec le Hirak, les partis islamistes les plus en vue, diabolisent leurs partenaires d'hier. La nouvelle attitude ou stratégie du camp islamiste est de nature à susciter «une confusion» sur la scène politique, d'après de nombreux observateurs. Ces tirs groupés contre «le courant laïque», un des segments du mouvement serait «une diversion qui a pour finalité de casser le Hirak par la propagande». Si la riposte du courant dit «moderne» et «progressiste» reste équivoque et confuse, «il y aurait risque de déviation de la vague du Hirak, qui revendique le respect des fondamentaux démocratiques». Une chose est sûre, sans donner des consignes à leurs partisans de s'éloigner du Hirak, les partis islamistes dits «modérés», adoptent une stratégie de rapprochement des centres de décisions. Dans son allocution à Constantine, Abderazzak Makri s'est attaqué à ce qu'il a qualifié de courant laïque extrémiste en Algérie qui est infiltré par les collaborateurs de la France et la franc-maçonnerie. Ces propos sont jugés contradictoires: tout en voulant imposer leurs desseins idéologiques qualifiés d'«indiscutables», il met l'étiquette d'«extrémistes» sur les partis démocratiques. Sur un autre plan, les attaques au vitriol des partis El-Adala et du MSP, interviennent à la veille de l'annonce par le chef de l'Etat de l'éventuelle tenue des élections législatives et locales anticipées. En outre, malgré leur divergence, les islamistes se concertent et unifient leur position. à ce propos, les réserves contre la supposée «sécularisation du mouvement», ont été d'abord émises par le doyen des islamistes Abdellah Djaballah, avant qu'elles ne soient reprises par le président du MSP, Abderezzak Makri. De même, ils ont tous les deux fait une offre de service au nouveau locataire du palais d' El Mouradia. Les attaques du MSP participeraient de la poursuite de la «propagande contre le Hirak car les chefs des formations islamistes, qui ne sont plus en phase avec le Hirak, ont participé aux consultations lancées par le président Tebboune autour de la révision de la Constitution». Pour de nombreux observateurs, «le camp islamiste a pris parti pour le pouvoir qu'il croit aux abois au détriment du Hirak pour accéder aux privilèges et à la rente». La sortie de Makri a été commentée par de nombreux observateurs. Le politologue Mohamed Hennad a relevé que «le courant laïque ne pourra pas être extrémiste sinon il ne serait pas laïque». Ensuite, «l'épouvantail de l'infiltration par les collaborateurs de la France et la franc-maçonnerie (et pourquoi pas le sionisme) ne fonctionne plus. Le Hirak a dépassé beaucoup de politiques qui ne savent plus être à sa hauteur», poursuit-il. Les déclarations du patron du MSP constituent une tentative de porter un coup au Hirak en portant un coup aux laïques. «J'ai participé à toutes les manifestations et je n'ai pas vu ou entendu un quelconque slogan laïque ou une tentative laïque de s'accaparer du Hirak», ajoute-t-il. «Il faut savoir que la position laïque est la garantie pour le futur du pays et le vivre ensemble dans la tolérance», dit-il. Pour Redouane Boudjemaâ, professeur à l'université d'Alger «le discours de Makri visait le Hirak, en réduisant sa présence à la capitale et en le liant à un courant idéologique». «Les déclarations de Makri sur le courant laïque n'ont aucune crédibilité, surtout que tout le monde sait que son mouvement était partenaire avec ce courant lors de l'arrêt du processus électoral en 1992», rappelle-t-il.