Le procès des hauts responsables impliqués dans les affaires de corruption liées au dossier du montage automobile et du financement occulte de la campagne du président déchu se poursuit, à la cour d'Alger, pour entamer sa deuxième semaine. Hier, dans leurs plaidoiries les avocats des prévenus ont tenté d'expliquer à la cour comment les «décideurs», à leur tête l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia se «sont appropriés tous les pouvoirs» et comment la commission technique chargée de l'évaluation des dossiers d'investissement a été utilisée comme couverture après l'éclaboussement de scandales. Pour les avocats de la défense, «les cadres du ministère de l'Industrie poursuivis dans ce dossier, n'ont eu aucun pouvoir décisionnel et leur mission se limite uniquement à l'évaluation des dossiers». Pour la défense, Ahmed Ouyahia «principal acteur de la destruction du tissu industriel national en 1997, est l'architecte de cette gabegie». Car, ajoutent les avocats de la défense, «il savait très bien que le dossier de l'industrie automobile» en Algérie ne dépassera jamais le stade de «l'intention» et «le recours à la mise en place d'une commission d'évaluation est bien étudié». Les avocats de la défense expliquent à la cour, le rôle de la commission qui consistait «uniquement à l'évaluation des dossiers d'investissements et l'orientation des investisseurs». Pour ce qui est de «l'octroi des privilèges et cadeaux fiscaux, les ministres et les Premiers ministres s'en chargeront au niveau du Conseil national de l'investissement (CNI)», martèle l'avocat de la défense, de Abdelkrim Moustapha, directeur général de l'agence de développement industriel, dont le procureur général a requis à son encontre une peine de 8 ans de prison ferme. Ce dernier reproche au procureur général près la cour d'avoir adopté un discours «populiste» en s'attaquant aux prévenus «sans apporter des preuves tangibles» et en présentant uniquement une version à charge contre ces derniers qui pourtant, insistent les avocats, «n'ont signé aucun document». «On vous demande de présenter à la cour les preuves en votre possession, si elles existent vraiment», lui demande l'avocat. Pour ce qui est de la défense de Farès Sellal, dont le procureur général a requis à son encontre une peine de 8 ans de prison, les avocats demandent des preuves sur l'implication de ce dernier dans des affaires de corruption et rappelle à la cour que le dossier du fils de l'ex-Premier ministre est «vide», que Fares Sellal est jugé parce qu'il est «le fils de l'ancien Premier ministre». Pour sa part, l'avocat de Mohamed Baïri estime, quant à lui, que le dossier de son client est fondé sur «allégation», et que Mohamed Baïri est «victime d'une campagne menée, le 31 mars 2019 contre des hommes d'affaires dont Mohamed Baïri en sa qualité de vice-président du Forum des chefs d'entreprise (FCE)». Pour conforter sa plaidoirie, l'avocat de la défense affirme que jusqu'à présent, Mohamed Baïri n'a bénéficié d'aucun «privilège ni avantages fiscaux». Les avocats demandent l'annulation des peines prononcées lors du procès du 10 décembre 2019 et de prononcer l'acquittement en faveur de leur client. Enfin, dans les différentes interventions, les avocats de la défense ont dénoncé l'exploitation politique de ce dossier et l'atteinte à la dignité des prévenus, sans que les responsables de la justice ne bougent le petit doigt.