La population sud-africaine a entamé hier à minuit (22H00 GMT) une période de confinement de trois semaines, avec déploiement dans la rue de l'armée, rejoignant les 3 milliards d'humains de la planète déjà appelés à rester chez eux pour tenter de freiner l'épidémie mortelle de coronavirus. Le pays le plus industrialisé d'Afrique est, de loin, le plus touché sur le continent, avec 927 cas recensés depuis l'apparition du virus en Chine en décembre. Face à la progression exponentielle de la maladie, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a ordonné le confinement du pays pendant trois semaines pour «prévenir une catastrophe humaine aux proportions énormes». En Afrique, seuls la Tunisie, le Rwanda et l'île Maurice se sont jusque-là engagés sur cette voie radicale, tant ses conséquences économiques et sociales sur des populations pauvres et privées de services de base semblent risquées. Les dix millions d'habitants de la capitale de la République démocratique du Congo, Kinshasa, seront eux aussi placés en confinement samedi pour trois semaines. Le Sénégal, le Kenya et la Côte d'Ivoire ont préféré l'état d'urgence et le couvre-feu, moins stricts. Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique subsaharienne, s'est contenté «d'inviter» les habitants de sa capitale Abuja et de Lagos à rester chez eux. Le Burkina Faso a placé huit villes, dont la capitale Ouagadougou, «sous quarantaine». Quelques heures avant l'entrée en vigueur du confinement, le président Ramaphosa a harangué, en tenue de camouflage, les soldats -au garde à vous- chargés de le faire respecter.»Vous êtes là pour faire la guerre à un ennemi invisible. On attend de vous (...) que vous sortiez dans les rues pour défendre notre peuple contre le virus», a-t-il lancé. «Votre mission est de sauver les vies de nos 57 millions de concitoyens».Un quart de siècle après la chute du régime raciste de l'apartheid, l'économie sud-africaine patine, le chômage y est endémique (près de 30%) et une grande partie de sa majorité noire continue à vivre dans des conditions très précaires.s. Les Sud-Africains ont profité jeudi de leurs dernières heures de liberté pour se ruer dans les supermarchés en rangs serrés, contre toutes les consignes de sécurité sanitaire. Les magasins de vente d'alcool, interdite pendant le confinement, ont été largement visités...Les autorités ont exhorté la population à respecter le confinement, sous peine de lourdes sanctions.»Pas de jogging, pas de promenade pour le chien», a prévenu le ministre de la Police Bheki Cele. Avant d'annoncer que deux malades du Covid-19 avaient été inculpés de meurtre pour infraction aux règles de leur quarantaine. Dans le quartier déshérité de Hillbrow, au centre de Johannesburg, les forces de sécurité ont procédé à plusieurs arrestations dans des bars restés ouverts hier après minuit, selon la chaîne d'information publique SABC. Plus au nord, l'Angola est depuis hier en état d'urgence pour deux semaines, synonyme d'importantes restrictions de déplacement qui agacent déjà. Partout en Afrique, le virus a continué hier de progresser à une vitesse inquiétante avec plus de 2.700 cas et au moins 73 décès. Le gouvernement du Nigeria a dit jeudi redouter une «explosion» de l'infection parmi ses 190 millions d'habitants. A ce jour, il n'a recensé que 51 cas pour un mort. La quasi-totalité de la flotte aérienne africaine est clouée au sol et les compagnies sont en péril, a alerté l'Association des compagnies aériennes africaines (Afraa).