En Algérie, la situation n'est certes pas alarmante pour le moment, mais le nombre de personnes contaminées au coronavirus s'accroît quotidiennement avec une moyenne de plus de 117 cas par jour depuis le début du mois d'avril. Le virus s'est propagé sur l'ensemble du territoire national et a déjà fait près de 200 morts. En comparaison avec l'évolution des courbes de la propagation de la maladie dans d'autres pays, celle de l'Algérie est encore loin du pic, mais les mesures de préventions et les décisions de confinement prises par les autorités peuvent endiguer, sinon retarder la pandémie. Cette méthode a fait ses preuves, notamment en Chine ou encore à Taïwan qui a réagi avant même les recommandations de l'OMS et n'enregistre que cinq décès et moins de 400 cas d'infections. L'Algérie a opté pour des restrictions graduelles et après la mise en quarantaine de la wilaya de Blida, premier foyer de la maladie, le couvre-feu d'une douzaine d'heures, décidé pour d'autres wilayas, a été prolongé pour atteindre une plage horaire de 16 heures. Mais, il n'est pas du tout exclu que les autorités décident d'aller vers un confinement total dans les prochains jours si la situation n'enregistre pas d'amélioration. En fait, cette hypothèse est la plus probable à voir les déclarations du ministre de la Santé. Abderrahmane Benbouzid n'a pas exclu le recours au confinement total, dans une interview accordée lundi dernier à Russia Today arabic. Il a expliqué: «Si la situation se stabilise, on ne fera rien d'autre, mais s'il y a de nouvelles contaminations, nous allons remettre le bilan aux autorités politiques et il pourrait y avoir de nouvelles mesures pour étendre le confinement sanitaire. Le confinement pourrait devenir total et non partiel comme il est en ce moment.» Lorsque l'Algérie avait annoncé la phase 3 de la pandémie, il y a une quinzaine de jours, le ministre avait alors alerté «on doit se préparer au pire». Quelques jours après, il avait averti «les cas de Covid-19 augmenteront à un rythme inquiétant durant les prochains jours». Si le professeur Benbouzid annonce lui-même, une augmentation inquiétante de cas, cela suppose donc qu'une décision d'un confinement total sera prise, à ce moment-là. Une mesure à laquelle ont appelé des spécialistes de la santé, depuis déjà quelques semaines. Certes, elle sera difficilement acceptée par les citoyens, mais elle reste le seul moyen efficace actuellement pour sauver des vies. D'ailleurs, le professeur en épidémiologie Mohamed Belhocine, expert international qui a collaboré avec l'OMS dans la lutte contre le virus Ebola, membre du Comité scientifique relevant du ministère de la Santé pour le suivi du Covid-19, est formel: «Le confinement total reste la béquille essentielle pour le contrôle de l'épidémie.» Lors de son passage sur la Chaîne 3 de la Radio nationale, il a averti «on compte aujourd'hui plus de personnes qui n'ont aucun symptôme qui sont contagieux au Covid-19 que de gens qui sont symptomatiques ou qui ont des formes graves. Par conséquent, si l'on veut casser la chaîne de transmission du virus, il faut être simplement loin les uns des autres. Et la meilleure façon d'être loin les uns des autres c'est de rester chez soi». Même l'Organisation mondiale de la santé recommande le confinement et a même, mis en garde, hier, contre une levée trop rapide des restrictions observées dans plusieurs pays. «L'un des éléments les plus importants est de ne pas lever les mesures trop tôt afin de ne pas avoir de rechute», a dit un porte-parole de l'OMS, Christian Lindmeier, lors d'une conférence de presse à distance. «C'est comme quand on est malade, si on quitte le lit trop tôt et qu'on se remet à courir trop tôt, on risque une rechute et des complications», a-t-il ajouté. L'Algérien qui a pris conscience du danger de cet ennemi invisible, n'est pas sans savoir aussi que la courbe du virus est exponentielle et qu'en cas de non-respect des consignes, le nombre de malades va doubler chaque deux jours. Un rythme qui, au bout d'une semaine, peut causer la saturation du système de santé du pays. La situation est déjà assez critique que ce soit sur le plan sanitaire ou économique et les Algériens, à l'instar des peuples de la planète, n'ont d'autre choix que de rester à la maison, jusqu'à ce que la tempête passe et que les chercheurs réussissent à trouver rapidement le remède. Et à ce propos, il faut dire qu'il y a déjà une lueur d'espoir puisque les spécialistes de la santé en Algérie ont affirmé que le protocole de traitement des cas de coronavirus avec de la chloroquine, commence à avoir des résultats encourageants.