L'Algérie se prépare à sortir du confinement. Le Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus examine, depuis quelques jours déjà, les différents scénarios possibles et finira par adopter une stratégie qui «devra être nécessairement organisée et ajustée à la situation épidémiologique locale» comme l'a déclaré le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, dans un entretien accordé au magazine français Le Point. L'option d'une levée graduelle des restrictions imposées depuis plus d'un mois aux citoyens, est celle qui sera, sans surprise, adoptée. C'est d'ailleurs, l'OMS qui a recommandé une levée progressive des restrictions mettant en garde contre «le risque mortel d'un déconfinement hâtif». L'Organisation mondiale de la santé n'a pas manqué d'évoquer la menace d'une «résurgence» de la pandémie. L'Algérie qui va donc, tout naturellement, vers le déconfinement step by step, a lancé son premier test, grandeur nature, avec la décision de desserrer l'étau sur les villes et d'alléger les mesures en autorisant la reprise de plusieurs activités commerciales. Ce n'est que vers la mi-Ramadhan, autrement dit dans une quinzaine de jours, période suffisante pour l'incubation du virus et l'apparition des personnes malades en cas de nouvelles contaminations, qu'une première évaluation de cette période de relaxation pourra être faite. Si la situation reste maîtrisée et que les chiffres de la contamination ou des décès ne s'affolent pas, cela pourrait décider l'Etat à lever entièrement les mesures de confinement. Car, il aura réussi sa bataille contre le Covid- 19. Non pas parce que le virus sera totalement éradiqué ou que les Algériens seront vaccinés, mais juste parce que ces deniers auront enfin inculqué et de manière définitive, les moyens de prévention qui leur permettront d'éviter la propagation du virus. En fin de compte, il s'agit pour chacun d'apprendre les bons gestes et d'en faire une seconde nature. Ce qui n'est pas très évident, il faut le dire. Chambouler ses habitudes, changer sa nature et réguler ses rapports sociaux pour s'adapter aux contraintes de la pandémie, c'est ce que l'Algérien devra faire. Il devra fuir son voisin au premier éternuement, cesser de serrer la main des collègues et bannir les accolades pour les amis. Chacun de nous donc devra simplement réinventer son quotidien. Pour plusieurs sociologues, le «citoyen algérien doit aller vers ce changement des habitudes car il est le seul à même d'enrayer la progression du virus en respectant les consignes de prévention». Un changement qu'il doit observer pendant plusieurs mois, au risque de ne plus retrouver son comportement d'antan. En effet, la levée du déconfinement qui s'annonce est loin de signifier un retour à la normale. Le monde entier ne revivra pas comme il vivait avant l'apparition du coronavirus. Du moins, cela prendre du temps. Car comme l'a expliqué un spécialiste «la sortie du confinement, ça veut simplement dire qu'on changera les modalités avec lesquelles on fait peser une pression sur le virus, et on espère qu'elles seront compatibles avec une reprise de la vie sociale et économique, parce qu'on ne peut pas non plus rester confiné éternellement». Et c'est exactement ce qu'a déclaré le ministre de la Santé en expliquant que «la prudence, c'est aussi le respect par tous des mesures de confinement, d'hygiène individuelle, de protection dans les lieux publics et de distanciation physique. Les citoyens qui ont fait preuve d'une prise de conscience importante dans le respect des mesures de prévention et de confinement doivent poursuivre leurs efforts en ce mois de recueillement, de piété et de solidarité». C'est dire que même si les autorités ont décidé de lever partiellement le confinement durant le mois de Ramadhan, il y a lieu de respecter les mesures de prévention afin d'atteindre un certain taux d'«immunité de groupe» sans saturation du système de santé. Et d'ici que le coronavirus ne soit qu'un mauvais souvenir, il faut réinventer son monde.