Plus de deux millions de cas de contamination du nouveau coronavirus Covid-19 ont été déclarés dans le monde, dont la moitié en Europe, hier, selon un comptage réalisé par des médias à partir de sources officielles. Au moins 2.000.576 cas d'infection, parmi lesquels 126.871 décès, ont été recensés, notamment en Europe, continent le plus touché avec 1.010.858 cas et 85.271 décès, ainsi qu'aux Etats-Unis (609.240 cas, dont 26.033 décès), pays où la pandémie progresse actuellement le plus rapidement. La décision américaine de couper les vivres à l'OMS en pleine pandémie de coronavirus suscitait la consternation, hier, la question du déconfinement restant épineuse même dans les pays réputés gérer le mieux la crise. Premier en Europe, le Danemark a timidement rouvert ses écoles hier, une expérience scrutée de près par de nombreux Etats cherchant à relancer des économies asphyxiées. Malgré l'alerte rouge sanitaire, le président américain Donald Trump a mis à exécution dans la nuit de mardi à mercredi sa menace de couper les vivres à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'accusant de «mauvaise gestion» et de «dissimulation» dans cette pandémie partie de Chine fin 2019. Deux jours plus tôt, il tweetait «je ne dis pas que je vais le faire, mais je vais y réfléchir». Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a vivement critiqué cette initiative, jugeant que ce «n'est pas le moment de réduire le financement» des organisations combattant la pandémie. De l'UE à la Chine en passant par la Russie et l'Union africaine, de nombreux pays et organisations ont également fustigé cette initiative de Washington, premier bailleur de l'OMS avec plus de 400 millions de dollars par an. «Une décision profondément regrettable» estime le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki, tandis que Moscou dénonce une «approche très égoïste» de Washington, au moment où le monde souffre de la pandémie. «Nous devons travailler en étroite collaboration contre le Covid-19. Un des meilleurs investissements est de renforcer les Nations unies, en particulier l'OMS», a aussi souligné le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas. La «seule préoccupation» de l'OMS est d'aider les pays bataillant contre la pandémie de Covid-19 à «sauver des vies», a déclaré pour sa part son directeur général. «Il n'y a pas de temps à perdre. La seule préoccupation de l'OMS est d'aider tous les peuples à sauver des vies et à mettre fin à la pandémie de Covid-19», a indiqué Tedros Adhanom Ghebreyesus sur son compte Twitter, sans toutefois mentionner explicitement la décision du président Donald Trump. Loin de ces préoccupations, près de la moitié des écoliers danois, petits drapeaux à la main, ont été invités à regagner leurs établissements après un mois de fermeture. Le pays a déploré jusqu'à présent 299 décès pour près de 6.700 cas. Les Coréens du Sud se sont eux rendus nombreux aux urnes hier pour les législatives. Un signe de résilience dans ce pays qui fut l'un des premiers frappés après la Chine, mais qui a su contenir la pandémie grâce à un dépistage massif. Prise de température générale, isoloirs spéciaux pour les électeurs fiévreux, bureaux de vote dédiés aux personnes en quarantaine. Malgré le confinement de plus de la moitié de l'humanité et une baisse de la pression hospitalière dans la plupart des pays d'Europe, la pandémie continue de tuer massivement et engendre une incertitude économique «considérable», selon le Fonds monétaire international (FMI). Ville la plus frappée d'Amérique latine, Guayaquil, en Equateur, ne sait plus que faire de ses cadavres. «Il n'y a de place ni pour les vivants ni pour les morts», s'alarme Cynthia Viteri, la maire de cette cité portuaire de 2,7 millions d'habitants où «deux cimetières supplémentaires» sont en cours d'aménagement. Plus de 126.000 morts ont été dénombrés à travers la planète et les Etats-Unis sont devenus le principal foyer du Covid-19. Le pays a recensé plus de 2.200 morts en 24 heures et plus de 25.700 morts au total. Alors que la crise menace de se poursuivre pendant des mois, voire des années, le FMI s'est efforcé de chiffrer ses conséquences économiques, qu'il a déjà comparées à celles de la crise de 1929. Pour l'heure, l'institution table sur une contraction de 3% du PIB mondial cette année. Dans ce contexte, le président français Emmanuel Macron a jugé «indispensable» un moratoire sur la dette des pays africains pour aider le continent à traverser la crise, avant une réunion mercredi soir des ministres des Finances des pays du G20. En Europe, plusieurs pays à l'instar du Danemark ou de l'Autriche, qui a rouvert mardi ses petits commerces non-essentiels, esquissent des plans de sortie progressive du confinement. La Commission européenne, qui a présenté hier sa feuille de route en la matière, insiste cependant sur la nécessité d'une «action coordonnée», pointant à défaut le risque d'»effets négatifs sur tous les Etats membres». La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a par ailleurs a annoncé une conférence des donateurs le 4 mai pour la recherche d'un vaccin. L'Allemagne, relativement épargnée (environ 2.800 morts) par rapport aux pays comparables en termes de population, a décidé de prolonger jusqu'au 3 mai ses mesures coercitives, qui varient d'une région à l'autre. A l'arrêt depuis plus d'un mois, l'Italie (21.000 morts) a autorisé des réouvertures localisées et très limitées de certains commerces. En Espagne, troisième pays le plus endeuillé au monde (plus de 18.500 morts), une partie des travailleurs ont repris lundi le chemin des usines et des chantiers, après deux semaines d'arrêt quasi total de l'économie. La France a été le premier des grands pays les plus touchés (avec plus de 15.700 décès) à donner une date, le 11 mai, pour un éventuel début du déconfinement progressif. Deux nouveaux événements sportifs et culturels majeurs se sont ajoutés mardi à la liste de ceux touchés par le coronavirus: le départ du Tour de France cycliste sera reporté, au 29 août, et l'édition 2020 du Festival de Cannes pourrait prendre de «nouvelles formes».