Des dizaines de millions de personnes en France et en Espagne ont commencé, hier, à retrouver une partie de leur liberté de mouvement mais la crainte d'une deuxième vague reste entière au moment où le coronavirus resurgit en Corée du Sud et à Wuhan. Port du masque obligatoire dans les transports, distanciation sociale de rigueur, appels à continuer à privilégier le télétravail: les gouvernements ont tâché de favoriser une reprise en douceur après deux mois d'activité au point mort. Mais hier matin, le métro parisien a connu un pic d'affluence quasiment similaire aux jours d'avant le confinement. La joie de renouer avec un semblant de vie sociale est cependant bien présente dans ces deux pays parmi les plus endeuillés par la pandémie qui a fait plus de 280.000 morts dans le monde depuis son apparition fin 2019 en Chine. Partout, la vigilance est de mise alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) redoute une deuxième vague de la pandémie qui a conduit au confinement de plus de la moitié de l'humanité et plongé l'économie planétaire dans une récession record. En Corée du Sud, où l'épidémie avait été jugulée, la capitale Séoul a ordonné des fermetures des bars et discothèques après une résurgence de la maladie Covid-19. Malgré ces mesures adoptées dès ce week-end, 35 nouveaux cas ont été recensés hier. A Wuhan, la ville chinoise où le virus avait commencé à frapper, les autorités ont annoncé un nouveau cas dimanche et cinq lundi, après plus d'un mois de répit à la suite d'un confinement draconien. Le parc Disneyland de Shanghai a toutefois rouvert ses portes hier. En Allemagne, souvent citée en exemple pour l'efficacité de sa gestion de la crise, le seuil critique de 50 nouvelles contaminations pour 100.000 habitants a été franchi dans trois cantons. Dans ce contexte, le Premier ministre britannique Boris Johnson, lui même rescapé, a annoncé dimanche prolonger au moins jusqu'au 1er juin le confinement dans son pays, le deuxième plus touché au monde avec près de 32.000 morts. Le Royaume-Uni veut instaurer une période de quarantaine obligatoire pour les voyageurs arrivant au Royaume-Uni par avion. La feuille de route devait être détaillée devant les députés, hier. En France, le confinement strict et sans précédent imposé à la population depuis le 17 mars semble avoir porté ses fruits: le bilan quotidien des décès est tombé dimanche soir à 70, le chiffre le plus bas depuis cette date. Mais avec un bilan total de plus de 26.000 morts, l'un des plus lourds au monde, les dirigeants ont appelé à la prudence. «Grâce à vous, le virus a reculé. Mais il est toujours là. Sauvez des vies restez prudents», a ainsi tweeté le président Emmanuel Macron. Sa décision de rouvrir les écoles suscite toutefois inquiétudes et critiques, encore exacerbées par l'apparition de trois nouveaux foyers de contamination dans des secteurs jusqu'alors considérés comme parmi les plus sûrs. Les écoles ont rouvert lundi en Norvège, en Suisse ou encore aux Pays-Bas. En Espagne, afin de limiter les risques de propagation, seule une partie du pays a été déconfinée, hier. Plusieurs grandes villes, comme Madrid et Barcelone, restent soumises à de sévères restrictions dans ce pays qui est aussi l'un des plus touchés avec plus de 26.000 morts. Malgré des cas de footballeurs positifs en Espagne, au Portugal ou encore en Allemagne, une reprise prochaine des championnats de ces pays est programmée. Dans une Europe aux frontières encore largement fermées, un train a par ailleurs été spécialement affrété pour acheminer une centaine d'aides à domicile roumaines vers leurs lieux de travail en Autriche. Aux Etats-Unis, pays le plus endeuillé avec près de 80.000, les conseillers économiques du président Donald Trump ont défendu la possibilité de faire redémarrer l'économie des Etats-Unis. Ces derniers jours, deux employés de la Maison- Blanche - un militaire qui est au service du président et la porte-parole du vice-président Mike Pence - ont été testés positifs au virus. En Russie, où plus de 11.000 cas sont répertoriés quotidiennement. L'Inde a commencé son processus de déconfinement, mais interdit toujours de se déplacer entre Etats, ainsi que les vols nationaux et internationaux. Le pays compte plus de 2.100 morts, mais le pic n'y sera pas atteint avant juin ou juillet. En Europe, plusieurs musées ont commencé à collecter des objets documentant les confinements. «Il faut garder une trace de cet événement pour pouvoir expliquer dans 100 ans ce qui s'est passé», explique Sarah Lessire, coordinatrice d'un projet en Belgique. Le Covid-19 a fait au moins 280.693 morts dans le monde, selon un bilan établi à partir de sources officielles. Au moins 4.123.154 cas d'infection ont été diagnostiqués dans 195 pays et territoires. Les Etats-Unis sont le pays le plus endeuillé avec 79.528 morts. Suivent le Royaume-Uni avec 31.930 morts, l'Italie (30.560), l'Espagne (26.621) et la France (26.383). La pandémie a tué plus de 20.000 personnes en Amérique latine et aux Caraïbes, dont plus de la moitié au Brésil.