La pratique de l'activité religieuse, un domaine qui a longtemps échappé au contrôle de l'Etat, sera désormais surveillée. Un projet d'ordonnance fixant les conditions et les règles d'exercice des cultes autres que musulman a été examiné et adopté mardi dernier par le Conseil des ministres. Ce texte vient combler un vide juridique quant au cadre d'exercice des activités ou manifestations religieuses autres que musulmanes. A travers cette décision, l'Etat semble avoir tiré les leçons de la tragédie nationale. Et pour preuve, le projet d'ordonnance a pour fonction de prévenir toute velléité extrémiste. Le texte de loi traduit donc la volonté de l'Etat de mettre de l'ordre dans la pratique de l'activité religieuse. Se basant sur les dispositions constitutionnelles et des conventions internationales ratifiées par l'Algérie, l'ordonnance fixe, d'une manière détaillée, les conditions d'exercice de ces cultes tant au plan des principes que des procédures, confortant ainsi la portée de la Constitution qui proclame l'islam religion de l'Etat en Algérie. L'ordonnance précise, donc, que la pratique des cultes autres que musulman s'exerce dans le cadre d'associations à caractère religieux constituées conformément aux lois et aux règlements régissant ce domaine. Cette décision intervient, faut-il le signaler, au moment où le phénomène d'évangélisation a tendance à prendre pied en Algérie. Conscient des conséquences de ce phénomène, le gouvernement a pris les devants pour contrôler la situation et mettre un terme aux activités anarchiques de prosélytisme menées à l'endroit des musulmans en Algérie. Le texte de loi assure, en revanche, la protection et le soutien à l'activité religieuse autre que l'islam. Cela dit, il ressort, à la lecture du projet d'ordonnance, que l'Etat est «de bonne foi» puisqu'il ne ferme pas la porte aux autres religions. Bien au contraire, il cultive l'esprit de tolérance et de respect entre les religions dans un cadre légal. Intervenant sur ce dossier, le président de la République a relevé que «le peuple algérien pétri des valeurs de sa religion l'islam a, au fil des siècles, cultivé le respect et l'hospitalité envers les autres religions du Livre et envers leurs fidèles». Il citera, en ce sens, l'attitude historique de l'Emir Abdelkader dans son exil, qui a offert sa protection aux chrétiens en Orient. Un acte gravé dans la mémoire de tous ceux qui «tiennent à s'éloigner de l'amnésie». C'est dans ce même esprit, souligne le président, que l'Algérie promulgue cette nouvelle législation. «Sa volonté est de perpétuer cette tradition de convivialité et de respect mutuels entre les fidèles des religions du Livre, mais aussi sa détermination à protéger l'islam, religion de l'Etat, ainsi que de pratiques étrangères aux traditions de l'Eglise chrétienne en Algérie», dira le président en guise de conclusion. Un état de fait, d'ailleurs relevé dans un rapport du département d'Etat américain, qui a classé l'Algérie parmi les pays où la liberté de culte est garantie. Enfin, cette législation va permettre donc à l'Etat de mieux contrôler les activités des cultes et de préserver la cohésion sociale.