L'oreille de l'administration Bush est partout et s'intéresse même à un épiphénomène comme l'évangélisation en Algérie. Les services de l'ambassade des Etats-Unis à Alger ont formellement démenti les assertions qui ont été prêtées par certains titres de la presse nationale à l'ambassadeur Richard W.Erdman. «C'est une rencontre privée. Normalement, on ne doit pas donner de détails sur ce genre de rencontres. Elle s'est déroulée dans un esprit visant à la promotion de la coopération, le dialogue et le respect mutuel» ont précisé, hier, ces services contactés par L'Expression. Des confrères de la presse arabophone ont rapporté que «M.Erdman aurait émis des réserves par rapport à la nouvelle loi algérienne fixant les conditions et règles d'exercice des cultes autres que musulman, lors d'une rencontre, samedi dernier, avec le ministre des Affaires religieuses, Abdallah Ghlamallah». En mars dernier, le conseil des ministres a examiné et adopté un projet d'ordonnance fixant les règles d'exercice des cultes autres que musulman. L'exposé des motifs souligne le souci du gouvernement algérien de combler «un vide juridique quant au cadre d'exercice des activités ou manifestations religieuses autres que musulmanes». Pris sur la base des dispositions constitutionnelles et des lois en vigueur, le texte fixe les conditions d'exercice des cultes tant au plan des principes que des procédures, tout comme il conforte la portée de l'article 2 de la Constitution qui proclame l'islam religion de l'Etat. Pour revenir à l'information rapportée par nos confrères et au «démenti» des services de l'ambassade, un constat s'impose: c'est que les services de l'ambassade n'ont pas démenti la rencontre du diplomate avec M.Ghlamallah, ministre en charge de la gestion du culte en Algérie. Ils l'ont confirmée. Pour le débat qui s'est déroulé entre les deux personnalités, il n'est pas exclu que le diplomate américain ait demandé des informations et des éclaircissements à titre privé. Au plan strictement diplomatique, il est dans l'ordre des choses que le représentant officiel des USA, qui ne sont pas le Tchad- en termes de puissance économique et militaire - s'informe sur toutes les modalités qui existent dans une région. Surtout que la région en question se trouve inscrite parmi les priorités dans l'agenda américain. L'ambassadeur Erdman l'a bien exprimé d'ailleurs, en affirmant qu'il «s'est informé auprès du responsable du culte algérien». Mais pourquoi ce désir de s'informer en ces moments précis? En ces moments d'application sur le terrain des textes d'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. En mars dernier, le secrétaire d'Etat adjoint américain, chargé des Affaires du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord, David Welch, a eu cette déclaration lors d'un point de presse à Alger: «Je respecte les décisions du gouvernement et du peuple algériens», a-t-il répondu à une question sur la mise en application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. «Je voudrais être prudent et ne pas laisser entendre que le gouvernement des Etats-Unis a un rôle direct ou autre dans cette question», a ajouté David Welch. En 2005, un rapport du département d'Etat sur la pratique du culte dans le monde a consacré une bonne partie à l'Algérie. Le rapport américain a jugé très positive et favorable l'approche que se fait le gouvernement algérien de la pratique du culte. Ce qui ne résout pas la question de savoir pourquoi l'ambassadeur américain veut s'informer en ce moment précis. C'est que l'oreille de l'administration américaine est partout et s'intéresse à tout. Elle s'intéresse même à un épiphénomène comme l'évangélisation en Algérie.